Glidden © Steinkis – 2011
En mars 2007, Sarah Glidden embarque pour un voyage d’une dizaine de jours dans le cadre d’un séjour organisé par le Taglit. Destination : Israël !
Pour cette jeune juive non pratiquante, et farouchement décidée à soutenir la cause palestinienne, c’est l’occasion de mieux comprendre la situation au Proche-Orient.
« Elle s’attend à un voyage de propagande. Mais une fois arrivée à destination, elle découvre que les choses ne sont pas si simples… » (Extrait de la fiche éditeur).
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Cet album est un journal de bord, proche du carnet de voyage, retranscrit sous forme de bande dessinée. C’est aussi pour moi l’occasion de découvrir Sarah Glidden, jeune auteure de mini-strips et grande voyageuse. Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) est son premier récit complet.
Le voyage démarre très rapidement. A quelques pages à peine du début du récit, Sarah Glidden relate l’interrogatoire réalisé par un policier juste avant l’embarquement. L’échange touchera presque exclusivement des questions religieuses… de quoi refroidir quelques ardeurs.
Par la suite, durant tout le séjour, nous la verrons lutter jusqu’à s’épuiser, à la recherche permanente du moindre propos attestant l’obstination aveugle des israéliens à nier la situation palestinienne.
« En conflit avec une judéité qui à ses yeux ne semble avoir pour conséquence que le malheur des palestiniens, elle vient avec un regard en alerte, un esprit tendu vers les détails pour déceler ce qui la tromperait, lui cacherait une vérité que n’oseraient s’avouer les israéliens. Mais ce qu’elle va découvrir est une réalité extrêmement complexe dont elle va rapidement percevoir les contradictions, mais aussi les richesses » (source : chronique du9).
Au delà de la découverte d’un pays, ce témoignage contient une réflexion universelle sur l’identité. Le titre de l’ouvrage promettait au lecteur d’y voir un peu plus clair sur la situation mais pour l’auteur, ce séjour détruit une grande partie de ce qu’elle avait construit. La narratrice est tiraillée entre ses valeurs et la réalité telle qu’elle l’observe, ses certitudes sont ébranlées. Si initialement, Sarah Glidden pensait que ce séjour renforcerait ses convictions et sa motivation à soutenir la cause palestinienne. Mais elle est déstabilisée par le fait de côtoyer des civils israéliens, de constater qu’ils n’ont pas de sentiments haineux et que beaucoup aspirent à vivre en paix avec leurs homologues palestiniens. Cela provoque chez l’auteur une forte remise en question. Elle ne pensait pas que ce voyage en Terre Sainte déclencherait chez elle une quête identitaire de cette ampleur.
Comment puis-je me sentir liée à une terre qui cause tant de souffrances ?
La narration n’hésite pas à revenir sur les faits historiques marquants. Mais ce récit didactique n’est pas rébarbatif. La présence régulière de dates et d’événements enrichit les propos de l’auteure qui en offre au passage une lecture parfois personnelle mais non jugeante. La lecture est fluide et agréable. Sarah Glidden a su trouver un équilibre, le rythme narratif est dynamique.
La première fois que j’ai feuilleté l’album, j’ai pensé à Exit Wounds (Rutu Modan). J’appréhendais donc que le contexte historique soit un leurre pour appâter le lecteur. J’ai donc repoussé la lecture de Comment comprendre Israël en 60 jours ou moins. Force est de constater que le conflit israélo-palestinien n’est pas relégué au statut d’artifice et qu’il est au centre de l’album.
La composition graphique de l’album est réalisée à l’aquarelle. Les couleurs sont diluées, ce qui crée une atmosphère ludique et conviviale, ce qui contraste assez avec l’effervescence intellectuelle dans laquelle se trouve Sarah Glidden. L’équilibre trouvé entre les visuels et les propos est intéressant, une invitation à la lecture.
Une lecture que je partage avec Mango
Un des ouvrages les plus abordables qu’il m’ait été donné de lire sur le conflit israélo-palestinien. Les propos qu’il contient sont sincères. D’autres albums sur ce sujet d’actualité en suivant le Tag « Palestine ».
Les chroniques de David, Lettres d’Israël, Tohu-bohu, Lafigue.
Extraits :
« Qu’est-ce que signifie vivre en territoire disputé ? Est-ce qu’on essaye juste de ne pas y penser et de vivre normalement ? Ou est-ce que cela vous définit ? » (Comment comprendre Israël en 60 jour ou moins).
« En progressant vers les sommets, il était très impressionné par le courage des troupes syriennes dans leurs bunkers. Malgré de nombreuses victimes, jamais elles ne se rendaient. Ce n’est qu’en pénétrant dans les bunkers que mon père a fini par comprendre. La plupart des soldats étaient soit morts soit blessés et ils ne pouvaient pas abandonner leurs postes parce qu’avant de partir, les officiers les avaient enchaînés à leurs bunkers par le pied » (Comment comprendre Israël en 60 jours ou moins).
« Quand on apprend que l’armée israélienne a envoyé des troupes pour raser une maison ou capturer un militant, c’est de ces gamins-là qu’on parle ? Ou est-ce qu’il y a des soldats de métier pour faire le sale boulot ? Est-ce qu’ils ont peur d’aller à l’armée ou est-ce qu’ils l’acceptent ? » (Comment comprendre Israël en 60 jours ou moins).
Du côté des Challenges :
Petit Bac 2013 / Chiffre : 60
Tour du monde en 8 ans : Etats-Unis
Carnet de Voyage : Israël
Histoire : le conflit israélo-palestinien
Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins)
One Shot
Editeur : Steinkis
Dessinateur / Scénariste : Sarah GLIDDEN
Dépôt légal : mai 2011
ISBN : 979-10-90090-00-2
Bulles bulles bulles…
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