Car c'est bien de l'histoire qu'il s'agit. Celle du siècle finissant. Celle de Marcel, né en 1919 et qui va mourir. Mais ce n'est pas son agonie qui nous intéresse. C'est la vie. Et, quoiqu'Augustin, évêque d'Hippone, quinze siècles plus tôt, prétende que seule compte la vie éternelle, c'est celle des humains qui se joue dans ce livre. Un mond qui n'en finit pas de mourir et dont la fin traverse les individus, qu'il s'agisse de Virgile Ordioni, alcoolique d'un village corse, ou de Matthieu Antonetti, fils de Jacques, petit-fils de Marcel...
Les civilisations sont mortelles, on le sait, ici on l'éprouve, depuis le bar du village corse jusqu'aux fouilles archéologiques sur le site d'Hippone. Et à travers l'existence de Marcel qui peut contempler la photo de famille où il n'est pas encore, où le lien avec le siècle précédent, même ténu, peut être vu, Nous assistons à un bouleversement de l'ordre des choses : ne meurent pas seulement les aînés avant les plus jeunes, mais aussi un fils avant son père.
Ce roman fusionne les temporalités, celle du XXe siècle, celle des pays méditerranéens, celle qui se mesure à l'aune d'une vie d'homme et celle qui la transcende par le travail de la pensée. Et la vie continue.