Un commissariat, un interrogatoire. Qu’est devenu Pietro ? Pietro, toujours Pietro, qui déchaîne les passions et les mystères. Pietro qu’il a rencontré dans une soirée mondaine, où les travestis se mêle aux femmes qu’ils voudraient devenir, et où la barrière des sexes s’estompe jusqu’à la mystification. Il en a été immédiatement envoûté: qui est réellement Pietro que tout le monde semble adorer? Peut-il réellement être attiré par un homme? Certes, les travestis et les transsexuels le fascinent, mais il n’aime que les femmes, et il en est sûr. Néanmoins, le voici qui suit un étonnant jeu de piste dans lequel Pietro l’entraîne, de Trouville aux déserts marocains. Son intérêt grandit lorsqu’il apprend qu’autrefois, dans un cabaret de travestis, une chanteuse vêtue de bleu ensorcelait le public, une certaine Pietra, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Sont-ils une seule et même personne? Pour le savoir, il se rapproche de ces hommes qui se sentent femmes et qui sont prêts à tout pour le devenir jusqu’au bout.
J’ai été fascinée moi aussi par Pietro. J’ai plongé dans ces soirées avec une sorte de curiosité malsaine, peu habituée que je suis au milieu homosexuel et travesti. Au début, on a effectivement l’impression d’une soirée un peu délurée et pourtant très vite, le charme opère: Pietro n’a rien d’un dépravé, il dégage un calme très onirique et une sensualité presque asexuée. On en vient à se demander si le narrateur, au départ peu identifié, est un homme ou une femme, jusqu’au moment où on conclut que ce n’est pas très important. J’ai adoré suivre le mystérieux et envoûtant Pietro, qui nous fait découvrir les beautés du paysage où il entraîne ses admirateurs. Et autour de cette pureté inaccessible qu’incarne Pietro gravite des personnages profondément humains, profondément touchants, qui se sentent femme sans l’être, qui tombent amoureux d’hommes et se désespèrent de ne pouvoir leur inspirer le désir qu’ils éprouvent. Sans être idéalisée, la vision de l’homosexualité, des travestis que propose l’auteur n’est ni clichée, ni tendancieuse. On y trouve de vieux dégoûtants comme des êtres admirables. Le thriller qui se dessine en arrière-plan (qui est Pietro? Pourquoi des cadavres apparaissent-ils dans les lieux où il passe? Qu’a-t-il fait pour envoyer le narrateur devant un tel interrogatoire?) est un vrai plus qui mériterait, à mon sens, d’être plus largemnt exploité. Mais dans l’ensemble, ce roman anticonformiste est une vrai bonne surprise.
La note de Mélu:
Un roman original et audacieux
Un mot sur l’auteur: Elen Brig Koridwen est une auteure française. D’autres de ses livres sur Ma Bouquinerie: