M. le Président, construisons l'Étoile de la Mort

Publié le 16 janvier 2013 par Copeau @Contrepoints

Les keynésiens sont partisans d'une relance par la dépense publique. En ces temps difficiles, proposons une idée simple : construire l'Étoile de la Mort.

Par Georges Kaplan.

Attendu qu’il est désormais acquis que l’État doit augmenter massivement la dépense publique pour relancer la croissance (i.e. politique de croissance) et qu’un déficit budgétaire inférieur à 10% du Produit intérieur brut est une politique d’austérité ;

Attendu qu’il est également acquis que les seules solutions raisonnables à un endettement public insoutenable sont (i) encore plus de dette et/ou (ii) le financement de la dépense publique par la création monétaire ;

Attendu, enfin, que nous entrons dans une nouvelle ère, que le paradigme a changé, que les lignes ont bougé, qu’il faut désormais raisonner hors du cadre et que, de toute manière, si on ne peut pas les battre, autant se joindre à eux ;

Attendu ce qui précède, donc, je me fais fort de participer, avec mes faibles moyens, au redressement productif national, à la relance de la croissance durable et à la réindustrialisation de la France en relayant ici le plan initialement élaboré par Tyler Durden (Zero Hedge) en février 2012. Pour d’obscures raison, le gouvernement des États-Unis n’a pas donné suite : l’occasion est historique, n’attendons plus une seconde :

Construisons l'Étoile de la Mort

L'Étoile de la Mort, pour ceux d’entre nous qui se seraient absentés ces 36 dernières années, est une station orbitale de combat ayant la forme d’une sphère de 70 kilomètres de rayon et qui, d’un seul tir de son superlaser impérial Mk I, peut atomiser une planète entière. L'Étoile de la Mort c’est donc l’arme intergalactique absolue mais, plus que cela encore, c’est aussi un formidable défit technologique et la plus grande aventure industrielle de tous les temps. Enfin et surtout, construire l’Étoile de la Mort, c’est assurer à notre pays plusieurs décennies de croissance à deux chiffres et de plein-emploi.

L'Etoile Noire

Dans sa proposition initiale, M. Durden produit une première évaluation du budget de construction qui, pour diverses raisons [1], me semble très en dessous de la réalité. Il est important de noter ici que c’est une excellente nouvelle : l’objectif n’est pas de faire des économies mais, au contraire, de dépenser le plus possible afin de maximiser l’effet de cette opération sur la demande agrégée et donc, sur la croissance. Le meilleur moyen d’évaluer le coût de la structure interne de l’Étoile de la Mort consiste, me semble t’il, à extrapoler le budget d’un projet de même nature (i.e. une station orbitale) mais de dimensions plus modestes : en l’occurrence, la Station spatiale internationale (ISS).

Nous savons que, de 1985 à 2015, le programme ISS aura couté un total d’environ 113 milliards d’euros dont 38 milliards rien que pour affréter les 36 vols de navettes spatiales qui ont permit d’amener les différents éléments en orbite. Or, avec un volume pressurisé de 2,1 millions de kilomètres cubes, on peut estimer que l’Étoile de la Mort sera environ 2,14x10^15 fois plus spacieuse et donc plus coûteuse que la Station spatiale internationale (900 m3). Ce qui porte le coût de la structure interne à 269x10^21 euros (269 suivi de 21 zéros ; 269 000 milliards de milliards). Au regard de ce chiffre, on considèrera que le coût du blindage [2], de l’armement et des 265 675 hommes d’équipage sont négligeables.

Que la farce soit avec nous !

Évidemment, cette estimation brutale ne tient pas compte des économies d’échelle et des progrès technologiques que nous feront chemin faisant. Il semble donc raisonnable de minorer le montant de la dépense à environ 200x10^21 euros ; soit notre Produit intérieur brut actuel multiplié par 100 milliards. En comptant sur un multiplicateur fiscal d’environ 1,4x (estimation conservatrice) [3] et sur un étalement du projet sur les 50 prochaines années, la construction de l’Étoile de la Mort devrait nous permettre de connaitre une croissance annuelle moyenne de 67,1% pour le demi-siècle qui vient.

Du point de vue du financement, la solution la plus raisonnable et la moins coûteuse consiste à créer ex-nihilo les 200x10^21 euros mentionnés plus haut au fur et à mesure de nos besoins. Il suffira pour ce faire de revenir au franc et de se débarrasser une fois pour toutes des lois scélérates qui empêchent le Trésor public de se financer directement auprès de la Banque de France. Naturellement, ces 200x10^21 euros/francs de création monétaire ne seront pas inflationnistes puisqu’ils seront amplement compensés par la création de l’Étoile de la Mort et ses effets induits sur la demande agrégée (280x10^21 euros/francs).

Je sais bien que ce projet peut sembler farfelu mais je vous rappelle que, d’une part, vous devez vous habituer à sortir du cadre et que, d’autre part, ce n’est pas beaucoup plus farfelu que le plan de Paul Krugman qui proposait (presque sérieusement) de se préparer à une invasion extraterrestre. Accessoirement, par les temps qui courent, disposer de l’arme intergalactique absolue nous donnerait non seulement un avantage stratégique appréciable en cas de conflit armé (y compris avec une nation extraterrestre hostile ou exportatrice) mais aussi la possibilité d’atomiser à volonté ces concurrents déloyaux qui nous agressent en nous vendant des produits bon marché.

Monsieur le Président, la balle est dans votre camp. Je reste, naturellement, à votre entière disposition pour toute information complémentaire.

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[1] M. Durden se concentre exclusivement sur les 1,08x10^15 tonnes d’acier nécessaires, selon ses calculs, à la construction de l’Étoile de la Mort.
[2] Avec une surface de 61 575 kilomètres carrés et une épaisseur estimée à 5 centimètres, on obtient aisément un volume d’acier de 3,1x10^12 mètres cubes d’acier ; soit 24x10^12 tonnes et 1,3x10^16 euros aux cours actuels. Il faut naturellement rajouter à cela le coût de mise en orbite de l’ensemble : à raison de 12,5 tonnes de matériel par navette il faudra compter 1,9x10^12 vols et donc un budget de 2x10^12 euros.
[3] Voir G. Corsetti, S. Simonelli et A. Acconcia, (2011) Mafia and Public Spending: Evidence on the Fiscal Multiplier from a Quasi Experiment CEPR Discussion Paper 8305.

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