Voici un roman graphique (une BD) qui ne laissera personne indifférent.
Michel Dufranne, Milorard Vicanovic-Maza et Christian Lerolle signent un ouvrage magistral sur un sujet fort : la déportation homosexuelle durant la seconde guerre mondiale.
En prenant le parti de narrer cette période au travers des souvenirs d’un vieil homme de plus de 90 ans, qui cherchent à oublier et taire sa douleur, elle-même ravivée par le questionnement de son arrière petit fils et ses amis, les auteurs nous plongent dans des heures sombres, et trop méconnues. Ils ne cherchent pas à nous faire un cours d’histoire, mais plutôt à nous emporter dans la psychologie des personnages et d’une époque (le Berlin des années 1930 insouciant au Berlin en ruine après la seconde guerre). Et finalement, ils nous parlent de notre époque. De la douleur, de la honte persistante, de la haine toujours là.
On ne sort pas indemne de ce livre, et on ne peut que se demander pourquoi cette partie de l’horreur nazie est toujours autant niée. On peut aussi se dire qu’il est aujourd’hui de notre devoir, à l’heure ou le dernier survivant français porteur du triangle rose est mort, de ne pas oublier et de faire savoir.
Je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage, même s’il est sombre et dur, pour comprendre pourquoi les déportés triangles roses ont, en plus de subir la déportation, souvent choisi de cacher cette période de leur vie pour ne pas subir encore des représailles et autre mauvais traitements. Et puis ne pas oublier non plus que la pénalisation de l’homosexualité a été longtemps en Europe un fait.