Alitalia réfléchit mais tourne le dos au rail.
Bien que sortie de l’orničre, apaisée, modernisée, Alitalia n’a pas encore retrouvé le second souffle capable de lui donner un avenir ŕ long terme. Aussi l’année qui commence ne sera-t-elle pas particuličrement paisible pour les dirigeants de la compagnie italienne. Ce qui apparaîtra sans doute ŕ l’occasion d’une réunion du comité exécutif convoquée pour la semaine prochaine. Jean-Cyril Spinetta, président d’Air France-KLM et Bruno Matheu, directeur du marketing de la branche française du groupe franco-hollandais devraient ętre présents. Mais certainement pas pour remettre sur le tapis une intention d’acquérir la totalité du capital d’Alitalia, ce que tentait d’accréditer il y a quelques jours une rumeur qui circulait ŕ Rome.
A vrai dire, les intentions d’Air France-KLM ne sont pas connues, aucune précision n’a été mise sur la place publique depuis l’accord financier initial, c’est-ŕ-dire la prise de participation de 25%. Tout au plus a-t-on compris qu’ŕ CDG, les caisses sont vides et que le moment serait mal choisi pour procéder ŕ une opération potentiellement prometteuse mais évidemment coűteuse. A titre préventif, Silvio Berlusconi y est néanmoins allé d’une petite remarque perfide, estimant qu’Alitalia ne devrait en aucun cas perdre son statut de compagnie nationale. Bien sűr, rien n’oblige ŕ prendre en compte l’avis du spécialiste du bunga-bunga, ŕ moins qu’il n’exprime en cette matičre l’avis d’une partie importante de l’opinion publique italienne.
Officiellement, la question n’est pas d’actualité. Mais, répondant indirectement ŕ Berlusconi, Corrado Passera, ministre du Développement économique, vient de déclarer que ne pas aller plus loin, c’est-ŕ-dire ne pas permettre ŕ Alitalia de rejoindre Air France-KLM, constituerait une erreur. Ce bref échange n’a pas eu de suite puisque l’existence de nouvelles négociations a été démentie. Tout comme l’a été l’imminence d’un accord commercial important entre Alitalia et Ferrovie dello Stato, l’opérateur ferroviaire italien, actuellement sérieux concurrent de la voie aérienne sur le réseau intérieur de la Péninsule.
Qui plus est, Alitalia vient de perdre son monopole historique de l’exploitation de Milan-Rome ; TGV mis ŕ part, ce qui a permis ŕ EasyJet de s’engouffrer dans la place avec 7 fréquences quotidiennes. Et, au męme moment, Michael O’Leary a rappelé que Ryanair, de toute maničre, affiche les statistiques de trafic les plus impressionnantes de toutes.
Reste le problčme le plus important, l’absence de rentabilité d’Alitalia. La compagnie n’a pourtant pas ménagé ses efforts, depuis la mise en place de la nouvelle gestion. Ainsi, elle vient de terminer, il y a quelques jours, le retrait du service de ses derniers court/moyen-courriers MD-80, un événement marquant a souligné Andrea Ragnetti, administrateur-délégué. Le dernier des vols a d’ailleurs été accompagne par les Frecce Tricolori, patrouille acrobatique de l’Aeronautica Militare. Alitalia a utilisé non moins de 92 Douglas MD-80 et en a ainsi été le premier exploitant européen. Mais, propulsés par des Pratt & Whitney JT9D d’une autre époque, ils étaient devenus économiquement obsolčtes. Aujourd’hui, l’âge moyen des 140 avions d’Alitalia est retombé ŕ six ans et demi.
Ce rajeunissement de la flotte était indispensable. Mais il manque encore ŕ Alitalia l’étincelle qui l’aiderait ŕ passer ŕ la vitesse supérieure. Ce qui ne l’empęche pas de susciter des convoitises, celles, dit-on, d’Etihad, de Qatar Airways et peut-ętre d’autres intervenants en bonne forme et en quęte de croissance externe. C’est, en soi, un encouragement.
Pierre Sparaco - AeroMorning