Quand on n’a pas de mots

Quinze jours à se souhaiter le meilleur pour cette année qui s’ouvre à nous, quinze jours à embrasser des quasi inconnus, quinze jours à louvoyer, tenter d’éviter les fâcheux, à lutter pour ne pas hurler à chaque « et la santé surtout, car sans la santé » … je vous épargne la suite, suis en overdose et frôle l’urticaire.

Et puis il y a des personnes, que j’affectionne même de loin, sans vraiment les connaître, qui me sont sympathiques, comme ça sans raison. Tous ont cette étincelle, cette profondeur dans le regard qui me donne envie de m’attarder, même si je n’en ai pas le temps, que je ne sais pas nous l’accorder.

Il en est une, une petite discrète, une qui semble avoir toujours été là à attendre patiemment que sonne l’heure de la retraite, qui a toujours un sourire un mot gentil à offrir, ne semble jamais agacée par les demandes saugrenues, une personne à qui je me faisais un plaisir de souhaiter le meilleur à l’occasion de cette nouvelle année, une personne rare, vous l’aurez bien compris. Le hasard, et sa fonction a fait qu’elle fut la première qui s’est trouvée sur mon chemin, celui de mon boulot. Joviale, sincèrement enjouée je l’ai prise dans mes bras, lui ai péter deux bises m’exclamant bonne année, lorsqu’elle a explosé en pleurs, et dans un souffle a laissé échapper « j’ai perdue ma maman », mais je devinais que c’était elle, redevenue soudainement enfant qui était perdue.

Je n’ai pas eu les mots, je ne les ai jamais, comment repêcher une vieille petite fille qui se noie dans son chagrin. Je lui ai fait l’aveu de mon impuissance. Elle a hoché la tête, s’est saisie de ma main, fait comprendre qu’elle n’attendait rien, qu’elle savait. Elle accroché son regard au mien. Je ne l’ai pas lâché.