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La Dentellière, de Pascal Lainé

Par Onarretetout

ladentelliereLa lecture de La Dentellière est ponctuée de surprises. Tout nous y égare. Les descriptions précises des objets, des lieux, laissent penser que nous sommes dans une réalité soumise à la loupe d’un observateur très attentif. Mais le narrateur revient ici et là sur ces descriptions, précisant un aspect, retirant un élément. L’histoire, pourtant assez classique, d'une forme de mésalliance, reste néanmoins intéressante de bout en bout. Les rencontres, sortes d’instantanés, de très courts-métrages, offrent des tableaux qui méritent notre attention : la rencontre entre Pomme et Aimery (et la glace qui fond), la rencontre des jeunes gens et de leurs mères (pour marquer l’évolution de la relation du couple), le mariage qui eut été possible de Pomme, la rencontre du narrateur et de la jeune femme à l’hôpital. Chaque fois, quelque chose, un détail, retient notre regard. Au point qu’on ne voit que cela, qu’on oublierait presque la trame. Mais l’auteur nous attend quelque part dans le livre. Il nous dit que ce récit est en dentelle et que c’est lui qui la confectionne. Il rétablit, après nous avoir emmenés dans une bien triste histoire, l’ordre des choses : le récit est l’œuvre de celui qui raconte ; ce n’est pas un documentaire où il suffirait de laisser tourner la caméra et d’enregistrer les gestes et les mots des protagonistes ; c’est toujours le narrateur qui a le dernier mot. Et ici, le dernier mot, c’est « qu’elle avait deviné mon angoisse, et qu’elle avait pitié de moi ». Pas étonnant donc qu’il « eut un bref poignement de reconnaissance à l’égard de Pomme ».


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