« C'est-à-dire », c’est de la poésie. C’est à lire et c’est aussi à savourer comme on savoure un instant. Les poètes l’ont toujours affirmé, l’acte de poésie consiste d’abord à allumer le monde, à l’éclairer autrement, à le déballer, à faire voir différemment les choses afin de leur donner le lustre et le luxe de l’instant : c’est ce à quoi tend, entre autres, le poème : « Il est si volatile », dédié au « Merveilleux instant ». Dans ce siège imprévu de la Beauté que leur ménagent les poètes, il arrive même que les objets prennent la parole. Francis Lepioufle se souvient surement par exemple de l’une des chansons de Georges Brassens quand il fait entendre un « Dialogue de parapluies ». Bruine, grêle ou averse, qu’importe ! Il faut « Enfin, à l’épuisette, goûter les plaisirs du monde »
Et tout n’est pas seulement flaque ou perle d’eau dans la poésie. On le sait depuis François Villon. La poésie fréquente tous les lieux, c’est une grande bringue qui trimballe sa carcasse, qui fourre son nez partout, qui donne des coups de pied dans la mare (ou « les fleuves impassibles » !) et qui jette son mot quand elle en a envie. Au bras de Francis Lepioufle, la grande bringue n’a pas de réactions effarouchées ! Au contraire, elle réagit à chaque angle du sentier, devise, harangue, arrange, ébouriffe, cherche la conciliation, trouve le bon mot, « s’essaie et sait à dire »... Parfois, comme ces cohortes proustiennes de jeunes filles en fleurs, elle ne vient pas seule :
« Dis, belle jeune fille sage, qui es-tu ?
Je suis Laïcité,
Et bien dans la cité ! »