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Louvois, la modernisation, l'Etat

Publié le 14 janvier 2013 par Egea

Un débat s'est développé à la suite du dernier "mélange hebdo" : tant mieux, c'est aussi la vocation de ceux-ci de permettre les échanges sur des points divers. Il s'agissait du système Louvois. Je n'y connais rien. Ce qui n'empêche pas de raisonner : voici la vraie compétence des incompétents, au rang desquels je me range résolument. Il y a donc énormément d'erreurs dans ce que je vais dire, et j'encourage les critiques à les corriger. Il reste que le sujet est aussi le moyen de réfléchir à la direction de l’État (cf. mon récent billet sur la direction des organisations complexes).

Louvois, la modernisation, l'Etat
Source (NB : le commentaire de la photo est délicieusement adapté : "Le fort Louvois (...) devait être à l'origine plus important, mais la complexité des travaux ramena le projet à ce qu'il est maintenant, c'est à dire plus raisonnable". On avait le sens des réalités, il y a trois siècles !

Il paraît utile de lire au préalable les commentaires sur le billet de référence : notamment le 4, puis le 8 et les suivants.

Tout ceci sont des décisions technocratiques (ou bureaucratique, ce qui est aujourd'hui la même chose).

Pour "homogénéiser" et surtout "avoir et donc analyser" de meilleures informations, on utilise des "systèmes d'information", de plus en plus ambitieux et complexes.

Tout vient de l’interministériel (IM) : ce fut Chorus, ce sera l'Opérateur national de paye (ONP). Or, l'IM, c'est l'Etat, avec toute sa majesté. Sans faire injure à notre personnel politique, on lui présente des dossiers et il signe. Bref, ceci est une décision de la haute administration d'Etat.

Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde) est, je crois, un vieux projet (1997 ? voir ici), qui a longtemps dérivé (très compliqué) et qui était autonome parce que le statut des militaires et les règles de rémunérations étaient différentes. Louvois s'est raccroché à la RGPP, ultime avatar de la "modernisation de l'Etat", cette tarte à la crème politico-administrative qui a fait les délices des apprentis énarques pendant au moins une décennie (curieusement, c'est passé de mode : la modernisation de l'Etat, c'est has been). En qq sorte, Louvois a pour ambition de préparer la convergence vers l'ONP.

D'où une triple problématique :

  • celle de la maîtrise de système complexes au moyen d'instruments techniques, les SI : on est là dans la question cyber évoquée à de nombreuses reprises dans égéa, par exemple dans ce billet récent.
  • celle de la conduite de l'Etat, des technocrates (énarques et polytechniciens) : si on est intelligent, on est moderne, donc on "modernise l'Etat", par exemple au moyen de systèmes informatiques qui vont permettre, c'est sûr, de rendre un meilleur service aux usagers tout en "rationalisant" l'organisation : comprendre qu'il s'agit de déflater les effectifs, donc de faire des économies.
  • et celle des éventuelles persistances d'une ou de plusieurs exceptions militaires, dues au statut et aux missions des armées. Chacun aura compris que pour l'interministériel, l'exception ce n'est pas simple à gérer et que pour s'en sortir, il faut se débarrasser de l'exception. D'où les actifs chantiers de "normalisation" : il faut que l'exception juridique du fait militaire soit réduite à la potion congrue. Processus en cours depuis 25 ans....

Ajoutez les corporatismes, les erreurs et les intérêts individuels de tel ou tel, et vous avez le risque de pataquès.

Mais on trouverait la même histoire en bien des endroits, hors fonction publique nationale : Collectivités territoriales, grandes orga internationales, grands groupes, ....

O. Kempf


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