A 42 ans Mary J. a est une force de la musique depuis plus de vingt ans et cela dure depuis que son mentor, Sean Combs, l’a aidée à concevoir son premier album. Elle a vendu plus de 50 millions d’albums et a été nominée 29 fois aux Grammy Awards. Elle a aussi entamée une carrière d’actrice notamment dans un film de Tyler Perry ainsi que dans Betty and Coretta où elle joue aux côtés de Angela Bassett, un scénario abordant les parcours de Malcolm X et Martin Luther King.
Mariée depuis 9 ans à Kendu Isaacs, de ses débuts au Bronx et dans son église pentecotiste, elle s’est sorti d’un passé assez tumultueux. Elle s’est confiée il y a une semaine au magazine Los Angeles Confidential et Zafro a gardé le meilleur.
Pour beaucoup d’entre nous ta chanson « No more drama » est un genre de clé pour sortir de nos prisons, qu’ils s’agisse d’alcoolisme, de drogue, de peine intérieure. Tu prêchais pour nous Mary J. ?
Pour moi ce n’était pas un prêche. j’exorcisais mes propres démons.
Tu as déjà parlé ouvertement à propos de tes addictions…
J’ai fait le choix d’apprendre à boire « socialement » mais ça n’a pas marché. Je l’ai constaté quand j’ai eu à me demander si je buvais « social » ou si je tentais encore de chercher un réconfort, de cacher ma dépression, ma culpabilité, ma honte. Tout ça je te jure. Et j’ai réalisé « te revoilà ! ». Alors j’ai dû arrêter complètement. La mort de Whitney Houston m’a beaucoup touchée et c’est une autre raison pour laquelle j’ai arrêté. Je pense que c’est du passé maintenant.
As-tu eu peur de devoir faire un traitement plus approfondi parce que tu es célèbre et c’est ce que les gens attendraient de toi ?
Je ne sais pas pourquoi mais je ne voulais pas aller en cure. Je pense que tout ce qu’un homme peut faire pour moi, Dieu peut l’accomplir encore mieux alors j’ai décidé de prier et d’invoquer Dieu à ma façon. J’ai fait ça et ça a marché.
Te considères-tu comme une chrétienne ?
Oui.
Pourtant tu es en faveur du mariage homosexuel. Beaucoup de gens diraient que c’est incompatible.
Je dirai ça à ces gens : je ne suis pas Dieu. Dieu a demandé de ne juger personne car vous serez jugé vous-même. C’est tout. Qui suis-je pour pointer quiconque du doigt ? On doit avancer dans la paix et si certains ne veulent pas voir tout le monde heureux, ce n’est pas moi.
Et pourtant les gens peuvent avoir leurs raisons tout comme tu avais les tiennes concernant le fait que tu n’étais pas heureuse pendant longtemps à cause de la pauvreté, les mauvais traitements. Quel âge avais-tu ?
J’avais 5 ans. Je ne veux pas rentrer dans les détails (Mary J. a été violée par un ami de son père ndlr). C’est quelque chose qui me détruit encore quand j’y pense. Je suis toujours la même enfant quelque part. Quand je décide de te faire confiance je le fais totalement et si tu me trahis, ça me tue.
Ce que tu portes avec toi c’est pour le reste de ta vie, un genre de complicité avec tes démons. Ca va au-delà du sentiment de culpabilité non ?
Tu as raison. Et le calme. Je repense toujours au calme ambiant. C’était trop calme. Et il y a certaines odeurs qui me rappellent… L’un utilisait un genre de crème sur ses mains… Quand je sens cette odeur à nouveau tout me revient. C’est bizarre que l’on parle de ça maintenant car j’ai eu ce flashback il n’y a pas longtemps.
Ta voix, ta carrière ont aidée cette petite fille de 5 ans à s’en sortir ?
Ce qui est bizarre dans ma vie c’est que je suis très calme. C’est comme cela que je vis. Je reste dans mon coin, tranquille, lisant, regardant la télé. je n’aime pas lorsqu’il y a trop de bruit autour de moi.
(…)
Même lorsque tu étais une consommatrice (de drogue ndlr) tu croyais en Dieu ?
J’aimais Dieu mais je ne m’aimais pas. Quand j’étais vraiment défoncée et que le jour se levait, j’avais la sensation que c’était Dieu qui me regardait. Et là je commençais mes crises de panique. Je me souviens d’une nuit où j’étais vraiment « partie ». J’essayais de dormir et j’ai fais un rêve… Je ne sais pas si je dois en parler. Mais je vais le présenter de cette façon ; je crois tellement en Dieu que je ne laisserai pas l’ennemi prendre mon âme. Dieu m’aime, peu importe ce que j’ai fait. Il nous aime, homosexuels, hétéros, sobres, drogués. Et je ne laisserai pas le monde me dire que c’est différent. Moi c’est comme ça que je vois la chose et c’est comme ça que je m’en suis sortie car si je ne pense pas que Dieu m’aime en toute circonstance, alors je meurs.
Pour en garder l’essence originelle, voici ce que Mary J déclarait lorsqu’elle parlait de son viol aux médias pour la première fois : “I remember feeling, literally right before it happened, I just could not believe that this person was going to do this to me. That thing followed me all my life. The shame of thinking my molestation was my fault – it led me to believe I wasn’t worth anything. I ended up becoming my environment. It was bigger than me. I had no self-respect. I hated myself. I thought I was ugly. Alcohol, sex, drugs – I’d do whatever it took to feel better.”