Kevin Corkoran, irlandais de pure souche, est un policier ("copper") de New York aux manières musclées. Vétéran de la guerre de Sécession, il cherche à retrouver sa femme disparue et l'assassin de sa fille tout en résolvant ses enquêtes à l'aide d'un médecin noir et d'un major qu'il a connus à l'armée.
Copper reprend les éléments qui ont fait tout le succès de l'excellent Gangs of New York. J'ai retrouvé avec plaisir les Five Points et la diaspora irlandaise qui peuple le New York des années 1865, mais aussi découvert les élégants salons de la Cinquième avenue. Il est difficile de ranger Copper dans une case. Ce n'est pas vraiment une série policière avec une enquête par épisode mais ce n'est pas non plus une série dramatique à proprement parler et peut-être qu'elle souffre d'être d'un genre bâtard. Le premier épisode est assez rude, et j'aurais aimé que la série garde l'esprit de ce début plutôt marquant, même si la violence est latente tout au long de la série. Les épisodes sont inégaux qualitativement parlant; après un début explosif, l'histoire se traine un peu avant de devenir passionnante grâce à un complot visant New York. Cependant, la série est très plaisante à regarder grâce aux personnages charismatiques qui la peuplent tels Kevin "Corky" Corkoran et le major Robert Morehouse, mes chouchous.
Corky est irlandais, origine ô combien fascinante (au temps d'Oscar Wilde, en Angleterre, "être irlandais, c'était être subversif" dixit Merlin Holland) ; il est ténébreux, imprévisible, et "trop intelligent pour son propre bien". Il ne recule devant rien pour obtenir ce qu'il désire et possède un sens de la justice bien différent de celui que nous avons aujourd'hui. Quant à Robert Morehouse, c'est un homme difficile à cerner au début, mais extrêmement séduisant malgré sa jambe amputée. Il est cynique mais enjoué et c'est un fin politicien sans cesse rabaissé par un père imposant. Tous deux sont des hommes qui oeuvrent pour le bien, mais qui n'hésitent pas à faire le mal pour l'obtenir, quittes à avoir du sang sur les mains. Autour d'eux gravitent de froides calculatrices; aussi bien des femmes de la bonne société comme Mrs Haverford que des prostituées comme Eva, mais aussi Matthew Freeman, médecin noir qui a sauvé Morehouse pendant la guerre. La richesse et la diversité des personnages pallient le manque de cohérence ou les longueurs de certains épisodes.
Les décors font parfois un peu carton pâte et mauvais effets spéciaux, surtout les vues extérieures comme les rues, mais cette impression est rattrapée par les intérieurs et les costumes. Je suis devenue une fervente admiratrice du gilet depuis que j'ai vu Daniel Day Lewis sanglé dans celui de Gangs Of New York et je confirme que c'est une pièce qui ne manque pas d'élégance, qu'elle soit portée par un aristocrate comme Morehouse ou par un policier comme Corky. Les robes de Mrs Haverford sont également magnifiques et j'apprécie vraiment l'effort qui a été fait sur les costumes qui vont de l'habit de travail crasseux au costume trois pièces rutilant. De bons costume, c'est la moitié du travail de faite pour nous plonger dans une époque précise.
Le casting est très bon. Je regrette seulement que les femmes, Franka Potente et Anna Griffith, soient moins imposantes que leurs collègues masculins, elles font pâle figure face à Tom Weston Jones et Kyle Schmid dont les personnages leur permettent plus de profondeur. Même Kevin Ryan (Francis Maguire) a plus de présence qu'elles alors qu'il n'a qu'un second rôle (mais quel second rôle! J'adore son accent et la violence retenue sur le point d'exploser de son personnage.)
Last but not least, la musique est très bien, surtout celle du générique et j'ai apprécié les passages où un homme chante a capella des ballades que je suppose typiquement irlandaises. Cela rend l'atmosphère plus authentique.
J'attends la deuxième saison avec impatience, pour voir si l'essai sera transformé ou non, puisque l'intrigue principale concernant Corky est résolue. Il reste encore un peu de suspense entourant Mrs Haverford, qui semble au mieux avec un certain John Wilkes Booth. Affaire à suivre...