[critique] 7 Psychopathes : bons baisers de Farrell

Publié le 14 janvier 2013 par Vance @Great_Wenceslas

Voici donc le nouveau film de Martin McDonagh.


Si ce nom ne vous dit rien, sachez qu'il s'agit du scénariste et réalisateur du très bon film In Bruges/Bons Baisers de Bruges sorti en 2009. Récompensé par un BAFTA et nominé à l'oscar du meilleur scénario, ce film avait fait parler de lui pour son atmosphère décalée et son humour noir dérangeant. McDonagh s'était imposé comme un excellent scénariste, doué pour les dialogues, et comme un bon directeur d'acteur, offrant à Colin Farrell l'un de ses meilleurs rôles.


Ecrit en même temps que le scénario de son premier long-métrage, celui de 7 psychopathes fut écarté à cause de sa complexité à mettre en scène pour un débutant. Contrairement à In Bruges, 7 psychopathes est loin d'être un film linéaire, et McDonagh a préféré gagner en confiance et en expérience avant de s'atteler à sa transposition.


Derrière ce titre difficile à prononcer, se cache une galerie de personnages plus ou moins timbrés, dont les destins vont se croiser au cours d'une histoire complètement dingue. Avec un nom pareil de toute manière, quoi de plus logique ? Sans vouloir dévoiler le pitch, sachez juste que 7 psychopathes est également le nom du futur scénario que cherche à écrire le personnage de Colin Farrell dans le film. Pourquoi ce titre ? Eh bien, parce que c'est cool ! En effet, Colin Farrell joue ici le rôle d'un auteur en vogue à Los Angeles, désireux de troquer ses histoires ultra violentes contre des manifestes de paix. Mais comment faire un film à message pacifiste lorsqu'il s'appelle 7 psychopathes ? Et surtout, comment trouver cette inspiration qui lui manque tant ? Pour cela, il pourra compter sur son meilleur ami, joué par Sam Rockwell, débordant d'enthousiasme à l'idée de l'aider à écrire un futur blockbuster dont le nom l'inspire déjà !


Mais ce dernier est peut-être un peu trop jusqu'au-boutiste, et dans un souci de crédibilité et dans un élan d'amitié presque malsain, il décide de faire appel à de vrais psychopathes pour trouver une bonne histoire à raconter. C'est ainsi qu'il va kidnapper le chien de l'un des plus grands gangsters de la ville, afin d'en réclamer une rançon et voir comment les choses vont se passer.


Bien entendu ce sont les grandes lignes, mais elles permettront peut-être de comprendre comment fonctionne le film : chaque personnage est un psychopathe à son niveau, et l'histoire qui va se dérouler sous les yeux du spectateur sera autant celle "réelle" que celle "fantasmée" par le personnage de Colin Farrell durant les phases d'écriture de son scénario.


Et c'est bien le problème du film de McDonagh : ce mélange film et film dans le film n'est pas très efficace et alourdit le rythme et son déroulement décousu.
C'est à la fois ce qui le différencie des très nombreux films de gangsters "cool" que l'on voit régulièrement (vous savez ? c'est toujours pareil : on prend des grands acteurs, on leur fait jouer des gangsters aux dialogues savoureux et on balance de l'ultra violence avec une pointe d'ironie et d'humour un peu cynique, le tout accompagné de gags décalés avec un animal – « Oh ! le chien a avalé son jouet et il fait "Bip" quand il aboie ! »), mais c'est ce qui lui nuit aussi un peu, car on se perd très souvent entre ce qui est "sérieux" et ce qui ne l'est pas. La différence n'est sans doute pas assez marquée : il y a autant de psychopathes dans l'histoire qu'écrit Colin Farrell que dans son entourage réel - une bonne idée certes, mais pas assez approfondie. Peut-être aurait-il fallu davantage insister sur cette notion du terme "psychopathe". Ici, on suit des personnages fous, mais qu'est ce qui fait d'eux réellement des psychopathes ? Pourquoi ce terme ? Le film aurait très bien pu s'appeler les "7 abrutis" que ça ne changerait pas vraiment le sujet ! D'ailleurs, il est très difficile de citer réellement qui sont les fameux 7 psychopathes dans le film !


A trop vouloir en faire, McDonagh oublie un peu de garder une direction claire. On a l'impression qu'il s'est lui-même retrouvé à la place de son personnage, avec le titre de son film comme point de départ, et qu'il a tenté ensuite d'en écrire un truc.
Reste que le film est très agréable à regarder tout de même. Les dialogues sont excellents, on rit beaucoup. Les acteurs sont à l'aise, et ils prennent du plaisir à jouer ensemble. Outre Colin Farrell, on retiendra évidemment la prestation de Sam Rockwell, et celles de Christopher Walken et Woody Harrelson.


Un deuxième film encourageant même s'il a de nombreux défauts d'écriture, et qui confirme le talent de McDonagh.

Ma note (sur 5) :

3


 

Titre original

Seven Psychopaths

Mise en scène 

Martin McDonagh

Genre 

Comédie action

Production 

Blueprint Pictures, distribué en France par Wild Side/Le Pacte

Date de sortie France 

30 janvier 2013)

Scénario 

Martin McDonagh

Distribution 

Colin Farrell, Woody Harrelson, Christopher Walken, Sam Rockwell & Abbie Cornish

Durée 

110 min

Musique

Carter Burwell

Support 

HDDC

Image 

2.35:1 ; 16/9

Son 

VOst 5.1

Synopsis Marty est un scénariste hollywoodien en panne d’inspiration. Confronté à l’angoisse de la page blanche, il peine à écrire son nouveau projet de film au titre prometteur : 7 PSYCHOPATHES. Son meilleur ami Billy, comédien raté et kidnappeur de chiens à ses heures, décide de l’aider en mettant sur sa route de véritables criminels. Un gangster obsédé par l’idée de retrouver son Shih Tzu adoré, un mystérieux tueur masqué, un serial-killer à la retraite et d’autres psychopathes du même acabit vont alors très vite prouver à Marty que la réalité peut largement dépasser la fiction…