L'actrice effectue un retour sur les planches des plus réussis. Dans "La Vénus au Phacochère", seule en scène, sous la délicate direction de Christophe Lidon, elle incarne avec une évidence, une sincérité, et un naturel formidables trois personnages de la Belle Epoque à travers leurs échanges épistolaires, cocasses puis émouvants. Si ces protagonistes ont bien existé, lettres, télégrammes ou pneumatiques sont le fruit de l'imagination fertile de Christian Siméon, à la plume élégante, spirituelle et pétillante. Une petite heure dix de théâtre savoureuse à côté de laquelle il serait bien dommage de passer.
La pièce évoque le destin de Misia Sert, célèbre pianiste aux idées avant gardistes, militant pour son indépendance d'esprit et financière, muse d'intellectuels et d'artistes de la fin du XIXème (Lautrec, Renoir...), mariée à Thadée Natanson, directeur de la Revue Blanche. Parce que ce dernier cautionnera la publication d'un article intitulé "De l'infériorité de la femme", l'harmonie du couple en sera ébranlée, comme le révéleront d'une part la correspondance des époux, de l'autre celle de la pianiste avec son amie Geai, créatrice-modiste haute en couleur. Par ailleurs, la volonté acharnée d'un richissime et vulgaire homme d'affaire de conquérir, de "s'offrir" Misia par tous les moyens, sans que cela n'inquiète jamais Natanson, achèvera de distendre des liens qui ne se resserreront jamais.
Sobrement, subtilement, sans artifice ni accessoire, Alexandra Lamy passe d'un personnage à l'autre. Un geste, une intonation suffisent pour que le spectateur devine Misia, son mari ou Geai. Du rire aux larmes, elle nous embarque avec la même justesse, traverse les évènements avec une fervente légèreté, une gravité ethérée... Jolie palette de possibilités exposée par celle que l'on a trop longtemps enfermée dans des rôles de blondes un peu hystéros, déclinaisons du programme TV à succès dans lequel elle fit ses débuts.
A l'Atelier, jusqu'au 16 février seulement.
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Photo : Julien de Rosa