Au Ciné 13 Théâtre, un Sade qui devra gagner en assurance...

Publié le 14 janvier 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

On n'arrête plus Nicolas Briançon. Après "Volpone", "Cabaret Canaille", avant la reprise de son joli "Songe d'une nuit d'été", il met en scène "D.A.F. Marquis de Sade", une pièce de et avec Pierre-Alain Leleu qui tente de cerner la personnalité du libertin aux écrits souvent effroyables (dont certains nous sont donnés à entendre). Sympathique, en dépit d'une dramaturgie qui manque parfois d'enjeu et d'une interprétation timide pour le moment.

Enfermé à la prison de la Bastille (Sade passa en tout une trentaine d'années incarcéré), soumis à l'autorité d'un geôlier qu'il méprise, violent, sans pitié, le sulfureux marquis s'invente, pour éviter de sombrer dans la folie et supporter sa solitude (sexuelle comme intellectuelle), une interlocutrice séduisante qui saura l'apaiser, avec laquelle il échangera sur les sujets les plus divers. Sexualité bien-sûr, rapports hommes-femmes, mais aussi torture, actes criminels, peine de mort, liberté, religion... Il recevra d'ailleurs la visite d'une bonne soeur venue le remettre dans "le droit chemin", ce qui sera peine perdue. 

Le script de Pierre-Alain Leleu mêle habilement fiction pure et extraits sadiens (à ne pas mettre entre les oreilles des plus jeunes). Son écriture, appliquée,  se révèle de belle tenue et côtoie sans rougir la langue du XVIIIème. Ses personnages sont consistants. Les dialogues nerveux et pertinents. Sade apparaît comme un être brillant, complexe, drôle, tourmenté, provocateur. Intéressant. Nous regretterons simplement une situation de départ qui n'évolue guère au fil de la représentation et qui du coup peine à tenir le spectateur en haleine.

Comme à son habitude, Nicolas Briançon, dans un souci constant de clarté, d'accessibilité et d'efficacité, conduit un travail rigoureux et précis. Reste que ses comédiens, tous dans la bonne direction, nous ont semblés hésitants et fragiles dans leurs compositions. A commencer par Pierre-Alain Leleu (Sade) dont le charisme est évident  mais qui n'ose  se fondre totalement dans le personnage. Il lui faudra rapidement gommer une gentillesse naturelle qui transparaît toujours, et aller chercher une sincérité plus grande dans la violence, le vice, et l'impertinence. Face à lui la jeune Dany Verissimo, partenaire fantasmée, pourra gagner en piquant et sensualité, tandis que de son côté, Michel dussara a encore un peu de travail pour rendre sa bonne soeur à la fois crédible et irrésistible de drôlerie. Jacques Brunet, enfin, campe un gardien de cellule à l'autoritarisme perfectible.

Mais ce sont les premières. Gageons donc qu'avec le temps, le spectacle devrait se bonifier. 

Alors pourquoi pas.

Jusqu'au 9 mars.