Renoir

Par Tedsifflera3fois

Être un artiste, est-ce se replier sur soi et sur ses émotions, ou bien est-ce être aux prises avec le monde et intervenir? Est-ce être observateur ou commentateur actif? Gilles Bourdos confronte un peintre en fin de vie, obsédé par la beauté, et son fils, le futur cinéaste, garçon engagé et homme d’action. C’est justement ce qu’il manque au film, de l’engagement et de l’action.

Synopsis : 1915. Auguste Renoir, vieil homme rongé par l’arthrite, retrouve une énergie créatrice salvatrice grâce à l’arrivée d’un nouveau modèle, la jeune et rayonnante Andrée.

Renoir n’est pas vraiment un biopic. Sa spécificité, c’est de ne se concentrer que sur quelques semaines de vie, ni les plus sensationnelles, ni les dernières, du célèbre peintre et de son fils, qui deviendra bientôt le célèbre réalisateur tant adulé par les cinéastes de la Nouvelle Vague.

Quelques semaines autour d’une femme, Andrée, son apparition dans la vie d’Auguste, et bientôt dans celle de Jean. C’est l’autre particularité de ce Renoir : parler en même temps de deux monstres sacrés, de deux artistes dont l’un est reconnu et arrive au bout de son chemin alors que l’autre n’a même pas encore envisagé de commencer le sien. Il s’agit bien entendu de passation, mais aussi de rivalité, de complémentarité et de similitudes. Le dialogue inégal entre un homme et son fils, entre un génie et son double, entre l’art des sensations et celui du récit.

Auguste est statique, obsédé par les chairs, Jean, déjà engagé dans l’Histoire, se passionnera plutôt pour le mouvement. D’une approche à l’autre, il y a la beauté d’une femme, marionnette de l’un, inspiratrice de l’autre, muse pour les deux. Et la beauté du cadre.

Comment faire un film sur le peintre sans sublimer les effets du soleil sur les paysages du Sud de la France? Gilles Bourdos, très concentré sur son image et sur sa lumière, se complait dans la contemplation. Certes l’esthétique est irréprochable, mais tout ceci manque de relief, d’étincelle, de vie. Le film est une confrontation de figures imposées, une exposition d’enjeux évidents, le récit sans surprise d’une tranche de vie qui n’est fascinante que parce qu’il s’agit d’Auguste et de Jean Renoir. Dans ce tête-à-tête entre le père et le fils, entre la méditation picturale et le souci du mouvement, c’est Auguste qui gagne. Aux dépens du cinéma.

Note : 3/10

Renoir
Un film de Gilles Bourdos avec Michel Bouquet, Christa Theret, Vincent Rottiers et Thomas Doret
Drame – France – 1h41 – Sorti le 2 janvier 2013