Magazine Cinéma
Synopsis Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe... Cinq ans après There will be blood, Paul Thomas Anderson revient avec The Master, une histoire de manipulations. Freddie, ancien marine abîmé, esquinté, lubrique et alcoolique, se retrouve sous l'influence charismatique de Lancaster, leader d'un mouvement qui prône l’amélioration personnelle par la mémoire. Sur ce sujet en or, les prémices de la scientologie, The Master est un film magistralement réalisé, photographié et monté. Les acteurs sont dirigés à la perfection : Joaquin Phoenix, courbé, marqué, amaigri, compose un personnage bestial, proie idéale aux expérimentations du dit mouvement. Philip Seymour Hoffman excelle dans l'ambiguïté de ce gourou, orateur talentueux mais extravagant. Sans oublier son épouse incarnée par Amy Adams, qui se révèle être faussement soumise dans une scène très troublante où elle manipule Lancaster comme une vulgaire marionnette. The Master est un film envoûtant, impressionnant, mais le réalisateur, à force de démonstration - bien faite - de maîtrise, en oublie l'étincelle qui enflammerait le tout : l'émotion.