La première partie de la saison 3 couvre les épisodes 1 à 8.
Précédemment sur Geek me hard :- The Walking Dead - saison 2 (première partie)
- The Walking Dead - saison 2 (seconde partie)
Rarement une série aura eu le plaisir de voir son audience s'électriser autant malgré les aléas de sa qualité de production. Et après deux saisons en demi-teinte, la dernière série phare de AMC peut se targuer d'avoir une base de fans dévouée, en partie grâce à l'annonce d'intégrer dans cette saison tout l'arc narratif autour de la prison et du Gouverneur. L'arc en question, vendu à raison par les lecteurs du comics comme l'un des plus emblématiques de la série, réserve son lot de suspense et d'effets chocs, propres à l'univers décrit et à son atmosphère de fin du monde… et pourrait relancer une bonne fois pour toute l'intérêt de la série.
Deux chemins parallèles enserrent cette première partie : la fuite d'Andrea, laissée pour morte et sauvée par Michonne au terme de la saison 2, et le groupe de survivants mené par Rick arrivant à la prison. En trouvant paradoxalement le salut dans un pénitencier, les exilés posent pied à terre pour la première fois depuis le départ de la ferme d'Hershel, permettant à la série de prendre un nouveau départ, posant sa communauté un moment afin d'en sonder quelques-uns méticuleusement.
David Morrissey, impeccable en Gouverneur
Une saison qui démarre donc sous de bons auspices, avec comme pilier principal ce fameux Gouverneur, dont les scénaristes travaillent le côté ambiguë, tour à tour rassurant et inquiétant, éloigné de son pendant BD (moins grand-guignolesque, plus tangible et aussi beaucoup plus volatile). L'introduction de David Morrissey au poste se fait avec efficacité et retenue, l'acteur anglais apportant un jeu méticuleux aux scènes où nous le découvrons comme leader de la petite communauté de Woodbury, un quartier condamné où tout a été reconstruit. L'un des épisodes trouve une introduction ingénieuse en créant le doute un moment, avec ses maisons de banlieue fleuries et ses enfants jouant innocemment : flashback d'avant la catastrophe ? Non, il s'agit bien d'un présent coupé de tout, une mascarade de vivants cherchant à recréer le passé dans une zone sécurisée.
Au passage, c'est le triste constat de la série et du comic-book : quels que soient les efforts fournis dans la reconstruction d'une communauté, celle-ci frôlera systématiquement l'anéantissement par la suite.
L'occasion pour la série de trouver enfin un cadre cinématographique dépassant son statut de produit TV, afin de se lancer dans l'ambitieuse fable de survie qu'elle cherche à être depuis ses débuts. Du nettoyage du dédale qu'est la prison à l'introspection des personnages les plus forts (le couple Rick/Lori, celui de Glenn et Maggie, l'électron libre Daryl), la série reste moins dans l'expectative et brasse ses intrigues avec une certaine efficacité, y compris dans l'introduction de nouveaux personnages, familiers du comic-book (Michonne d'abord, Tyrese par la suite). Les scénaristes n'en oublient pas pour autant leur personnage principal : Rick, son statut de chef de clan et de père, ses responsabilités, celles qu'ils s'infligent, et ses coups durs. Emotionnellement parlant, ce début de saison est très chargé, et on ne saurait reprocher aux scénaristes d'avoir épaissi leurs personnages pour se faire (Hershel, Carol, Carl), d'autant que l'action occupe une place non négligeable dans ces premiers épisodes.
La saison ainsi lancée est assez subtile dans son développement, où une fois de plus, les morts-vivants passent au second plan pour permettre de laisser décanter les forces en présence, et constater comme l'adage selon lequel "l'homme est un loup pour l'homme" se vérifie. On ne s'arrête plus à la définition première des personnages principaux, ceux-ci sont enrichis graduellement de notes d'intentions pour le futur. Classiquement, l'épisode 8 de mi-saison s'arrête en pleine montée passionnelle, jusqu'à un sentiment d'urgence qui lui sied fort bien, lorsque toutes les intrigues parallèles se recoupent enfin. Et alors que les audiences n'ont jamais été aussi fortes, le producteur Glen Mazzara vient d'être remercié par la chaîne et quittera son poste au terme de cette troisième saison. A croire que la série, à l'instar de ses personnages, ne trouvera jamais de stabilité...
Rick et Lori, couple en crise après la fin du monde
Dans une tentative de faire du neuf avec du vieux, AMC rediffusera en février prochain (sans doute en parallèle de la reprise), les saisons 1 et 2 en noir et blanc. On peut y voir comme un clin d’œil pernicieux à Frank Darabont, premier showrunner de la série et fervent adepte du procédé, ayant lui-même proposé une version N&B de son film The Mist, lors de sa sortie DVD.Suite de la diffusion de la saisons 3 en février sur AMC.