Red bull

Publié le 06 avril 2008 par Miss Culture Marketing @missculturemkg
Ce week end, de nombreux parisiens ont pris je pense une bonne grosse décharge de caféine. Impossible de rater, en effet, les mini cooper break customisées Red Bull qui ont sillonné les quartiers un peu animés de la capitale un samedi après midi et échantillonné les passants à tout-va. Un véritable débarquement, amorcé il y a une semaine avec 150 mini bleu-blanc-rouge remontant les Champs (et bloquant la circulation). De là à y voir un symbole, un comportement conquérant, une victoire sur l'ennemi, bref, un pied de nez aux autorités sanitaires, je vous laisse vous faire votre propre opinion...



Après des années à se voir refuser l'entrée du marché français par l'AFSSA (l'agence française pour la sécurité sanitaire) Red Bull aurait-il fini par céder? La marque semble avoir décidé de faire le dos rond et de changer la composition de sa fameuse boisson énergétique pour se conformer à la législation locale. Conséquence immédiate : exit la Taurine (acide aminé interdit sur le sol français), bienvenue l'Arginine (un autre acide aminé...). Une concession qui soulève, à mon sens, beaucoup de questions (existentielles, je vous préviens) à la fois sanitaires & marketing...

La première question d'ordre marketing que je me pose est la suivante : en quoi Red Bull, qui tire son nom, son logo, sa notoriété, bref son essence, de son principal ingrédient la Taurine, peut-il rester Red Bull lorsqu'on l'enlève justement de sa composition? Qu'en diront les puristes? Au goût (pour avoir été échantillonnée) rien n'a changé que les fans se rassurent : Red Bull a toujours cet immonde goût de banane chimique. La canette est également la même. Bref, comme disait mon prof d'histoire de 4ème en parlant du Canada Dry, ça a le goût de Red Bull, ça a la couleur du Red Bull, mais pour autant est-ce toujours du Red Bull (première question existentielle) ?

La deuxième question, d'ordre plutôt sanitaire, est une synthèse de plusieurs questions soulevées par la composition de Red Bull : lorsque l'on croit en l'innocuité de son produit, changer sa composition est-il vraiment un bon signe envoyé aux consommateurs?

A titre de parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire (mais ça reste personnel) lorsqu'on commercialise un produit controversé, je vous conseille de faire un tour sur le site www.redbull.fr. Justification à outrance, réponses évasives, on sent que la marque arrive sur le marché français avec un sacré bagage, voire carrément une grosse casserole, et qu'elle met le paquet pour s'en défaire aussi vite que possible. Mais à force d'insister là où ça fait mal et bien ça ne fait pas que du bien (faudra que je la note, tiens, celle-là). Si l'idée de désamorcer la polémique une bonne fois pour toutes était bonne, l'exécution l'est nettement moins.


Dans la catégorie ingrédients, lorsqu'on clique sur "arginine", on obtient : "l'arginine est un acide aminé". Je ne sais pas pour vous, mais moi qui n'ai jamais rien compris en sciences naturelles, cette phrase n'est pas pour me rassurer. Aussi peu de détails, c'est louche, quoiqu'on en dise : peut-être aurait-il fallu aller jusqu'au bout de la démarche et dédramatiser carrément le sujet avec un exposé complet sur ces-petits-acides-aminés-innofensifs-qui-sont contenus-dans-notre-corps-naturellement...(avec des petits dessins d'enzymes gloutons, tout ça).

Quant à la phrase "Les personnes actives commencent à se rendre compte que Red Bull est idéal pour faire face à un mode de vie dynamique et exigeant.Pour le dire plus simplement...Red Bull donne des ailes.",  elle me glace les sangs. Je laisse chacun libre de son interprétation, mais à une période où l'on parle beaucoup de stress en entreprise, ce genre de statement me semble limite déplacé. Tant qu'à changer la composition, tant qu'à faire du red Bull qui n'est plus du Red Bull, tant qu'à vouloir se refaire une virginité à tout prix, pourquoi ne pas carrément adapter le discours marketing aux consommateurs français avec une approche plus soft?


Néanmoins - je dois le reconnaître - la seule chose qui ait bien été exécutée, parce qu'elle est justement en ligne avec le mythe qui s'est construit autour de la marque en France alors même qu'elle n'y était pas autorisée, un mythe fait d'interdit et d'irrévérence (que celui qui n'a jamais rapporté de cannette en cachette d'un trip londonien se manifeste!), c'est le plan de lancement. Parce que manigancer un saut de base jump illégal du haut de la Tour Eiffel ou bien bloquer la circulation des Champs Elysées, il fallait oser...

Reste pourtant LA question existentielle : votre Red Bull, vous le voulez avec ou sans Bull?