Quand les hommes sont à la chasse…
Après un tome rythmé par des airs de Charleston qui faisait souffler un vent de liberté sur la petite paroisse québécoise, plongeant même les anciennes du village en émois, cet album se déroule en compagnie des femmes et des quelques hommes qui ne sont pas partis chasser à l’approche d’un hiver qui recouvre à nouveau tout de neige.
Les auteurs poursuivent cette chronique sociale gentillette et continuent de mettre en avant le caractère des différents personnages hauts en couleurs et, malgré tout, remplis d’humanité et de générosité. De la grossesse inespérée de Marie à l’étonnement de Félix qui continue de nous accompagner en voix-off, en passant par la crise de foi de Réjean et les coups de marteau des bigotes, le quotidien des habitants est toujours aussi plaisant à suivre.
L’ impression d’étirement de l’intrigue se fait néanmoins de plus en plus forte, augmentant la nécessité d’une fin au fil des tomes. Cet essoufflement progressif pourrait inciter certains lecteurs à abandonner cette saga profondément humaine qui allie simplicité, humour, bonne humeur, tolérance et générosité, même si celle-ci continuera indéniablement de séduire bon nombre de bédéphiles.
Le dessin hybride Loisel – Tripp continue de faire mouche, avec Régis Loisel (“Peter Pan”, “La Quête de l’oiseau du temps”, “Le Grand Mort”) au crayonné des planches et Jean-Louis Tripp à l’encrage et à la finalisation des dessins. Une alchimie magnifique entre ces deux grands talents, qui nous reproduisent cette tranche de vie québécoise avec brio et nous livrent plusieurs planches muettes merveilleuses.
Afin d’augmenter l’authenticité de ce petit village dans la prairie, les auteurs (avec l’aide du montréalais Jimmy Beaulieu) ont également opté pour une narration franco-québécoise compréhensible des deux côtés de l’Atlantique et riche en expressions locales savoureuses.