Avec les CDD, l'intérim et la sous-traitance, la souplesse est déjà là... au préjudice des faiblesOn se pose en ce moment la question de savoir s'il faut oui ou non plus de flexibilité en France pour sauver l'emploi (voir par exemple ledébat sur ce sujet sur Newsring). Mais, la question est mal posée, car nous avons déjà la flexibilité en France, mais une mauvaise flexibilité.En effet, comme le contrat de travail dit CDI est trop rigide, et largement inadapté à ce qu'est devenue la réalité économique, il a été contourné et ce de trois façons :- d'abord bien sûr au travers de la prolifération de CDD, qui représentent maintenant quasiment le statut normal à l'embauche,- ensuite avec l'intérim, qui est la version dégradée des CDD : quand l'entreprise a un besoin trop fluctuant, et qu'elle trouve les CDD trop rigides encore, elle recourt à l'intérim, et c'est auprès des entreprises d'interim que les CDD sont signés. Les entreprises d'intérim se trouvent ainsi amortir les aléas en agrégeant les besoins de leurs clients,- enfin avec l'externalisation croissante : là l'entreprise achète seulement des produits et des services, et laisse ses sous-traitants ou ses fournisseurs faire face au problème socialDonc la souplesse et la précarité sont là. En fait elles se sont répandues pour protéger une forme d "élite du salariat" qui bénéficie des CDI et qui constitue le gros des bataillons des syndicats. Elles sont aussi l'expression d'une sorte de démission des dirigeants (économiques et politiques) qui n'ont pas voulu affronter le problème et l'ont contourné.La question en France n'est donc pas plus ou moins de souplesse, mais d'inventer un nouveau cadre social, plus juste et recouvrant la majeure partie des situations, tout en préservant la souplesse actuelle, ce afin de protéger les plus faibles qui sont les victimes du système actuel.Arrêtons de laisser le débat monopolisé par d'une part les dirigeants des grandes entreprises, et d'autre part des représentants syndicaux qui parlent au nom uniquement des CDI....Il est plus que temps d'avoir collectivement et individuellement le courage en France de sortir de l'hypocrisie ambiante. C'est à cette condition que se créeront de nouvelles solidarités et que nous sortirons du climat de défiance actuel.