Leïla en vert et contre tout: la Schistinière

Par Jsbg @JSBGblog

Il me semble que lorsque j’ai commencé cette chronique, on ne nous bassinait pas autant avec l’écologie… ou peut-être y suis-je devenue plus sensible au contact de la quarantaine de blogs verts et comptes twitter ecofriendly auxquels je suis abonnée? Bien que cette prise de conscience générale me ravisse, j’avoue parfois être lassée par la kyrielle d’emails que je reçois quotidiennement m’appelant à sauver le pygargue à queue blanche ou à boycotter Ferrero Rocher tant qu’il y aura de l’huile de palme dans the Nutella (le genre de la pâte faisant débat, je préfère rester neutre pour ne froisser aucune sensibilité). Parfois, alors que le sujet consume la toile, je pêche par paresse, snobe l’agitation et vire sur 9gag. Oui, même si je m’approche de la perfection, je n’en reste pas moins humaine.  Un exemple concret de mon oisiveté? Le gaz de schiste. Schiste! Schiste! Ce mot bourdonnait dans ma timeline comme une essaim belliqueux et il suffit que ce mot soit associé à François Hollande pour que je m’en désintéressasse aussitôt. Et puis, peu avant Noël, Nora, une copine rencontrée à Brooklyn, à posté cette vidéo que je vous encourage fortement à regarder. En moins de deux minutes, le short résume toute la problématique de l’extraction du gaz de shale. (Oui, il est plus juste de l’appeler gaz de shale. Un schiste est une superposition de fines plaques de roches, dite en millefeuille, aussi alvéolée qu’un plaque de Cailler Rayon et non favorable à la conservation d’un gaz, alors qu’un shale, millefeuille aux couches d’origine exclusivement sédimentaire, argileuse ou marneuse, est le réel écrin du trésor volatile). Comme expliqué dans le film, aussi prometteuse qu’effrayante, l’exploitation de ce « nouveau » filon a de quoi provoquer quelques bouffées de chaleur chez les dirigeants gaulois.

Pour ceux que ça intéresse, Fritz reste prudent. Conscient de l’enjeu économique mais écoresponsable quand même,  Monsieur le Président attend de se faire livrer une solution optimale. Pour le moment, il « laisse les chercheurs travailler (…) et prendra ses responsabilités le moment venu » dit-il. Il faut dire que, comme expliqué dans la vidéo ci-dessus, l’extraction du gaz, très gourmande en eau, nécessite, en sus, l’utilisation de produits chimiques qui peuvent s’égarer, emportant avec eux les bulles de méthane convoitées. Un mélange peu recommandable pour les nappes phréatiques. Lorsqu’on sait que le seul gros producteur de gaz de schiste (oui, je cède à l’appellation commune) sont les Etats-Unis dont la production atteint 23% de la consommation de gaz naturel du pays, qui s’élève elle-même à 1/3 de l’énergie totale consommée, on peut y voir une belle alternative au méchant nucléaire français. Faut-il encore que l’hexagone rattrape son retard technologique et que l’industrie soit concurrentielle… Ne tuons pas le poussin dans l’oeuf et  ayons confiance en la communauté scientifique qui saura sans nulle doute trouver une solution peu polluante et rentable!

–  Leïla Rölli