Annoncée il y a 15 mois, puis inaugurée à l'été dernier avec l'ouverture au public de "CRED™", solution d'estimation de la santé de ses finances personnelles, la banque mobile de Movenbank approche de son véritable lancement et la page d'accueil qui vient d'être entièrement rénovée en présente maintenant les principales composantes.
Fidèle aux promesses d'origine, cette nouvelle banque sera donc exclusivement disponible sur mobile, avec une palette de services essentiels : échange d'argent entre amis (via Facebook), paiement sans contact (NFC), suivi "intelligent" des dépenses, alertes en temps réel, dépôt de chèque (par photo)... Et, naturellement, CRED™ permettra aux clients de bénéficier d'avantages supplémentaires au fur et à mesure des progrès de leur score.
Rien dans cette offre n'est révolutionnaire en soi, si ce n'est que les concepteurs de Movenbank considèrent que les outils mobiles sont les seuls nécessaires aux consommateurs dans le monde actuel, et que les chéquiers, cartes de paiement en plastique, agences... sont parfaitement superflus. Movenbank s'inscrit ainsi en droite ligne de la "philosophie" de son co-fondateur, Brett King, telle qu'il la présente dans son ouvrage "Bank 3.0".
La seule vraie surprise de cette offre et, probablement, le seul point qui peut soulever le scepticisme est le choix de la technologie sans contact pour le paiement. Outre les doutes que l'on peut légitimement avoir sur l'avenir de cette approche, l'implémentation de Movenbank paraît un peu artisanale, puisqu'elle consiste en un "sticker" NFC à coller sur son téléphone.
Certes, les infrastructures des réseaux de paiement (Mastercard, en l'occurence) permettent de suivre les achats en temps réels même sans intégration plus complète mais une carte plastique aurait pu rendre le même service tout en offrant une universalité d'usage qui est encore loin d'être acquise pour le "sans contact". La volonté de proposer une solution mobile sans concession s'avère peut-être un peu excessive...
En ce sens, Movenbank, contrairement à l'initiative assez proche de [Bank]Simple, semble tenir plus d'une démarche expérimentale que de la création d'une véritable "banque 2.0". Ce point de vue serait d'ailleurs assez cohérent avec le fait que Brett King poursuit ses activités de consultant auprès des institutions financières historiques...
En tout état de cause, qu'il s'agisse de son objectif réel ou non, il y aura beaucoup à apprendre, pour les établissements traditionnels, de l'expérience de Movenbank. Et, parmi les leçons à retenir, la relative facilité avec laquelle il est possible de créer une banque de nos jours n'est pas des moindres. Comme le précise un billet sur le blog de la startup, il n'est pas nécessaire de détenir une licence pour ce faire, un partenariat avec une institution enregistrée est suffisant.
La compétition entre établissements se jouant désormais beaucoup plus sur les canaux d'interaction mis à disposition des clients que sur les produits financiers proposés (qui sont tous identiques, peu ou prou), il devient possible d'offrir une expérience utilisateur qui fait toute la différence, en s'appuyant sur un cœur bancaire fourni par un tiers, pourvu qu'il soit tout de même assez performant, par exemple en termes de fonctionnement "temps réel".
Finalement, Movenbank apportera à plus ou moins court terme une démonstration, certainement brillante, de la capacité qu'acquerront de plus en plus de jeunes pousses à bousculer les banques historiques et à leur prendre des parts de marché, si celles-ci ne prennent pas suffisamment au sérieux les signaux qui annoncent une révolution en cours dans les usages de leurs clients.