Difficile de se recueillir dans une maison pleine de rires d'enfants.
Mon oncle a été incinéré qqs heures après sa mort, selon la tradition, et le lendemain les proches de la famille prenaient la route de Kanoor, la ville de l'enfance de mon oncle (et donc de ma mère !) au Kerala, pour y disperser les cendres là bas.
A l'heure où je tape ce post, mon oncle a du rejoindre l'océan indien non loin de leur maison d'enfance, là où ma mère et lui passaient de longues heures à jouer au cricket. Kanoor, la ville de leur enfance d'orphelins de père et de mère, mais heureux malgré la pauvreté, la grand-mère sévère qui les élevait...
Mais nous, pauvres familles françaises, en sommes réduits à imaginer ce que font les autres membres de notre famille là bas. Pour être franche, j'aurais énormément aimé faire ce voyage avec eux, j'ai besoin de me recueillir, j'avais besoin d'un temps pour le souvenir, la prière et l'au revoir final, et j'aurais aimé le faire là bas, car ici sa mort me semble encore abstraite. Et puis je voulais être là pour ma tante, et pour partager ma douleur avec la famille proche, mes cousins notamment.
On a beau me dire que la tradition hindou impose que les choses aillent vite, je vis amèrement le fait d'avoir raté ces cérémonies. Je comprends pour l'incinération, mais la dispersion des cendres ? J'aurais pu atterrir à Bangalore lundi soir, s'ils avaient attendu un peu j'aurais pu y être. A la place je ronge mon frein.
Ce soir, ironie du sort (courses faites qqs heures avant sa mort...) j'ai cuisiné une des recettes que ma tante m'avait apprise pdt mes 3 mois à Bangalore... Mais mon Aloo Gobi avait le goût de l'amertune et mes chap's la forme de la tristesse... Des souvenirs sont remontés alors que je hachais mon gingembre...
Je ne sais pas si finalement nous irons en Inde avec ma mère, car il n'y aura à priori pas d'autre cérémonie pour la mort de mon oncle, ma tante dit vouloir venir rapidement faire un tour en Europe.
Amer est cet au revoir, demain soir nous devons faire le point avec la famille là-bas, on verra bien si on part ou pas.