Magazine Amérique du nord
Motos : KTM ronronne, Yamaha et Husqvarna étonnent, Honda détone !
A mi-parcours, une chose est désormais certaine, la 35ème cuvée du Dakar est déjà de grande facture chez les deux roues. D'abord parce que l'épouvantail KTM est toujours là, même si son fer de lance et tenant du titre, Cyril Despres, a connu une première semaine complexe, notamment en raison d'un problème de boite de vitesse lors de l'étape marathon qui l'a obligé à un changement précoce de moteur, pénalisé de 15mn. Du coup, le Français ne pointe qu'en 5ème position du général, à 24'26'' de la tête, et 3e pilote de la marque autrichienne, qui place quand même 6 de ses montures dans le top 10, avec Ruben Faria et Chaleco Lopez sur le podium provisoire.
C'est bien une Yamaha qui pointe en tête ! Si elle ne compte qu'une victoire d'étape, contre 4 aux KTM, la marque aux diapasons truste non seulement le haut du général depuis l'étape 4, grâce à Olivier Pain, désormais 4ème, puis David Casteu, presque surpris par sa position de leader du général à Tucuman. Un bond en avant de tout le camp bleu, sans doute dû à son fonctionnement en petites structures indépendantes, propice à l'émulation. A l'inverse, l'autre bonne surprise de ce Dakar 2013 vient du plus gros team : Husqvarna. Même si la fiabilité reste problématique, la vitesse de pointe de la machine et de son leader, Joan Barreda, impressionne, l'Espagnol étant meilleur performer de la 1ère semaine, avec 3 victoires de spéciales, à égalité toutefois avec Chaleco. Reste qu'au général, la marque suédoise ne voit sa première machine qu'au 12ème rang grâce au très régulier Alessandro Botturi. Déception en revanche pour Honda, dont le grand retour officiel sur le Dakar manque un peu de lustre. En effet, si la firme nippone compte 3 machines dans le Top 12, la première ne pointe qu'au 7e rang, et encore grâce à la grande révélation de la course : Jeremias Esquerre, prima participant à la régularité exemplaire.
Le Chilien mène ainsi évidemment le challenge de la 1ere fois, avec 16'06'' d'avance sur le Sud-Africain Riaan Van Niekerk. Côté malle motos, le Néerlandais Hans-Jos Liefhebber mène la danse avec la 35ème place du général devant Esteban Smith et Hugo Payen. Enfin, chez les femmes, Laia Sanz, solide 29ème du général, n'a pas grand-chose à craindre de sa seule rivale Josefina Gardulski, la Chilienne pointant en effet au 132ème rang à plus de 15 h de la Catalane.
Quads : Patronelli, bien sûr
La première partie de la compétition quad s'est terminée comme elle a commencé : par un vainqueur d'étape surprise. Le Péruvien Ignacio Florès avait ravi la vedette aux cadors du plateau en l'emportant à Pisco, tandis que le rookie sud-africain Sarel Van Biljon l'emporte à Tucuman. Hormis ces deux coups d'éclats la mainmise sur la course de Marcos Patronelli est totale puisque le vainqueur 2010 remporte la moitié des huit étapes disputées réalisant une passe de quatre scratches entre la deuxième et la cinquième étapes et laissant les honneurs des deux autres étapes à un duo chilien composé de Ignacio Casale (5e l'an dernier) et de Sebastian Palma. Au général Patronelli, profitant des mésaventures techniques de Tomas Maffei (3e l'an dernier), s'est déjà donné les moyens de pouvoir gérer en mettant Casale, son suivant immédiat, à plus d'une heure (1h23'55'') tandis que Van Biljon apparaît sur le podium soufflant, grâce à sa victoire à Tucuman, la 3e place à Rafal Sonik pour 3'14''.
Autos : le duel est lancé
Stéphane Peterhansel en tête du Dakar à la mi-parcours ! Le constat semble vu et revu, tombant comme un refrain à cette époque de l'année. La situation n'a pourtant rien de confortable pour le tenant du titre, qui a fait monter son compteur de spéciales à 61 sur l'ensemble de sa carrière, mais en dominant la course avec une marge limitée sur la concurrence, et principalement sur son premier poursuivant, Nasser Al Attiyah, pointé à 3'14''. Le duel est lancé entre les deux derniers vainqueurs du rallye : les statistiques, tout comme la maîtrise éprouvée de l'exercice, font pencher la balance du côté de l'homme aux 10 titres. Pour autant, le pilote qatarien a aussi fait la preuve de sa capacité à tenir la distance dans des contextes de haute tension : à la lutte avec Carlos Sainz en 2010 comme en 2011 dans les dernières journées, Al Attiyah était parvenu à faire craquer l'Espagnol pour remporter son unique titre à ce jour. Nul ne sait s'il se montrera capable d'un tel tour de force face au sang-froid de Peterhansel, ni si son buggy couvrira avec aussi peu de problèmes les 4000 kilomètres qui le séparent de Santiago.
Derrière le duo de tête, les écarts observés prennent immédiatement de l'ampleur, avec Giniel De Villiers et son Pick-up Toyota en 3ème position, à 44'03''. Mais c'est déjà sur cette stratégie de l'embuscade que le Sud-Africain avait construit son succès en 2009. Surtout, la suite du classement atteste d'une densité rarement vue sur le rallye. La diversité observée tient certes aux départs prématurés de Krzysztof Holowczyc et de Carlos Sainz. Reste que sur les 13 premières places du classement général, huit équipes sont représentées, avec 9 marques de voitures. Et il conviendrait presque d'y ajouter Robby Gordon, qui pointe à près de 6 heures mais joue régulièrement placé sur les étapes, avec l'espoir d'accrocher une victoire d'ici à dimanche prochain. Guerlain Chicherit a quant à lui déjà coché cette case, mais sa 5ème place à mi-parcours l'autorise à lorgner sur la 4ème, occupée à Tucuman par le Russe de l'équipe X-Raid, Leonid Novitskiy, et même sur la position de De Villiers. Le Sud-Africain roule avec à peine plus de 20' d'avance !
Dans la catégorie Production, le tenant du titre Xavier Foj mène le bal, avec 40' d'avance sur le nouveau venu Abulla Alheraiz, et 57' sur Nicolas Gibon. Du haut de sa 39ème place au général, William Alvaraz domine comme l'année dernière la catégorie « solo », loin devant Reinaldo Varela (77ème) et Tim Coronel (83ème).
Camions : De Rooy, oui mais…
En tenant du titre ambitieux, Gerard de Rooy a mené son Iveco à vive allure sur le sable des trois premières étapes, s'installant au sommet du général et semblant renvoyer la concurrence à un rôle de faire-valoir. La physionomie de la course camions a cependant subitement changé : une demi-heure perdue dans les dunes par De Rooy sur l'étape 4, ajoutée au retournement du véhicule puis à l'abandon de Hans Stacey et au retour dans le rythme de Loprais et des Kamaz laissent augurer une deuxième semaine très disputée. Le tenant, dont le premier poursuivant est à 22' à peine, doit faire face aux trois Kamaz de Nikolaev (2e), Mardeev (4e) et Karginov (5e) ainsi qu'aux deux Tatra de Kolomy (3e) et Loprais (6e). La meute est lancée avec les trois premiers poursuivants à moins de 47'.
Johnny Utah