Du 17 janvier au 28 février
- Jeudi 17 janvier à partir de 18h30 : vernissage
émerger. En effet, son travail se place dans l’héritage d’artistes comme Sherrie Levine ou Elaine Sturtevant dont la démarche
appropriationiste a pour fonction de remettre en question des notions telles que l’originalité et l’unicité de l’oeuvre d’art. En
s’appropriant, à travers des citations ou des détournements, les images préexistantes d’artistes qui ont contribué à écrire
l’Histoire de la photographie, Isabelle Le Minh confirme la perte de l’aura de l’oeuvre d’art initiée avec l’émergence de la
photographie. Elle affirme également que toute création, malgré sa nouveauté, se situe par rapport à un avant : en filiation ou
en rejet, une nouvelle oeuvre se positionne en regard des précédentes. Ainsi, elle intervient sur des photographies de Cartier-
Bresson, dresse des clins d’oeil aux Word Painting d’Ed Rusha, ou rejoue les oeuvres d’Hiroshi Sugimoto.
Mais Isabelle Le Minh dépasse ces questions que l’avènement du numérique puis d’Internet oblige à réexaminer. Aussi, elle ne
copie jamais à l’identique une image et opère un glissement. S’engage alors un jeu de reconnaissance avec le spectateur. Face
aux images de Cartier-Bresson vidées des personnages en mouvement, et donc de tout ce qui relève du fameux instant décisif
qui a fait la célébrité de l’artiste, le spectateur engage un jeu d’identification ou du moins ressent une étrange familiarité. En
gommant la caractéristique principale (l’instant décisif) l’artiste renouvelle également l’approche de ces images vues et revues,
une approche basée non plus sur la capacité du photographe à saisir le moment le plus juste mais sur la construction
géométrique de ses photographies.
Avec Equivalents Isabelle Le Minh explore directement le traitement des images par internet. Elle fait rechercher par google
des images similaires à une première image et en dresse un inventaire. Elle révèle la perte de la valeur iconographique des
images au profit des critères comme le format, des valeurs colorimétriques et autres données informatiques qui nous
échappent visuellement.
En marge de ces réflexions sur l’image, son statut et ses conditions d’émergence, pointent une forme de malice, une note
d’humour. D’abord avec ses idées concises dont l’évidence s’oppose à la complexe entreprise permettant leur réalisation. Elle
part en Chine pour faire copier en peinture des photographies (Lointain si proche, made in China, After Alighero e Boetti
(pentaprisms)), elle crée un inventaire d’images dont l’envergure et, on suppose, la mise en page contrastent avec la rapidité
de la recherche Internet (Equivalents), pour Just an illusion la réalisation laborieuse de la sculpture en film photographique
s’oppose à la simplicité du résultat.
Il y a là aussi une forme d’idiotie (dans tout ce que le terme peut avoir de positif) dans son travail : les Darkroomscapes (After
Hiroshi Sugimoto) ne sont pas en réalité des paysages marins mais des enregistrements de la surface du révélateur dans les
cuvettes de développement. Si la série témoigne de la capacité de la photographie à transformer le réel, c’est avec beaucoup
de dérision car la photographie est produite de bout en bout dans la chambre noire, elle s’autoproduit absurdement, devenant
son propre motif.
Enfin, et c’est là peut-être le tour de force d’Isabelle Le Minh, chacune des oeuvres est saisissable en dehors des références
qu’elle convoque. La série des Darkroomscapes évoque à la fois les notions de paysages, de temps et de contemplation. La
série Trop tôt ou trop tard renvoie quant à elle à l’absence de la figure humaine.
Isabelle Le Minh s’intéresse à l’histoire de la photographie et plus largement à la relation que les artistes aujourd’hui entretiennent avec ceux qui les ont précédés.
Elle joue avec les signes et les codes culturels pour mêler de manière plus ou moins explicite hommages, citations, détournements, comme en témoigne l’emprunt qu’elle fait à Heidegger pour le titre de son exposition à la Plateforme d’Art de Muret. A travers plusieurs médium (photographie, peinture…), elle nous invite à réfléchir sur notre culture individuelle et collective, et sur les usages que nous en faisons..Plateforme d’Art de Muret à la Théâtrerie, 1 Square des combattants d’AFN, 31600 Muret www.mairie-muret.fr.Ce n’est pas tant l’image et ce qu’elle représente qui intéresse Isabelle Le Minh, que sa production et les conditions qui la fontémerger. En effet, son travail se place dans l’héritage d’artistes comme Sherrie Levine ou Elaine Sturtevant dont la démarche
appropriationiste a pour fonction de remettre en question des notions telles que l’originalité et l’unicité de l’oeuvre d’art. En
s’appropriant, à travers des citations ou des détournements, les images préexistantes d’artistes qui ont contribué à écrire
l’Histoire de la photographie, Isabelle Le Minh confirme la perte de l’aura de l’oeuvre d’art initiée avec l’émergence de la
photographie. Elle affirme également que toute création, malgré sa nouveauté, se situe par rapport à un avant : en filiation ou
en rejet, une nouvelle oeuvre se positionne en regard des précédentes. Ainsi, elle intervient sur des photographies de Cartier-
Bresson, dresse des clins d’oeil aux Word Painting d’Ed Rusha, ou rejoue les oeuvres d’Hiroshi Sugimoto.
Mais Isabelle Le Minh dépasse ces questions que l’avènement du numérique puis d’Internet oblige à réexaminer. Aussi, elle ne
copie jamais à l’identique une image et opère un glissement. S’engage alors un jeu de reconnaissance avec le spectateur. Face
aux images de Cartier-Bresson vidées des personnages en mouvement, et donc de tout ce qui relève du fameux instant décisif
qui a fait la célébrité de l’artiste, le spectateur engage un jeu d’identification ou du moins ressent une étrange familiarité. En
gommant la caractéristique principale (l’instant décisif) l’artiste renouvelle également l’approche de ces images vues et revues,
une approche basée non plus sur la capacité du photographe à saisir le moment le plus juste mais sur la construction
géométrique de ses photographies.
Avec Equivalents Isabelle Le Minh explore directement le traitement des images par internet. Elle fait rechercher par google
des images similaires à une première image et en dresse un inventaire. Elle révèle la perte de la valeur iconographique des
images au profit des critères comme le format, des valeurs colorimétriques et autres données informatiques qui nous
échappent visuellement.
En marge de ces réflexions sur l’image, son statut et ses conditions d’émergence, pointent une forme de malice, une note
d’humour. D’abord avec ses idées concises dont l’évidence s’oppose à la complexe entreprise permettant leur réalisation. Elle
part en Chine pour faire copier en peinture des photographies (Lointain si proche, made in China, After Alighero e Boetti
(pentaprisms)), elle crée un inventaire d’images dont l’envergure et, on suppose, la mise en page contrastent avec la rapidité
de la recherche Internet (Equivalents), pour Just an illusion la réalisation laborieuse de la sculpture en film photographique
s’oppose à la simplicité du résultat.
Il y a là aussi une forme d’idiotie (dans tout ce que le terme peut avoir de positif) dans son travail : les Darkroomscapes (After
Hiroshi Sugimoto) ne sont pas en réalité des paysages marins mais des enregistrements de la surface du révélateur dans les
cuvettes de développement. Si la série témoigne de la capacité de la photographie à transformer le réel, c’est avec beaucoup
de dérision car la photographie est produite de bout en bout dans la chambre noire, elle s’autoproduit absurdement, devenant
son propre motif.
Enfin, et c’est là peut-être le tour de force d’Isabelle Le Minh, chacune des oeuvres est saisissable en dehors des références
qu’elle convoque. La série des Darkroomscapes évoque à la fois les notions de paysages, de temps et de contemplation. La
série Trop tôt ou trop tard renvoie quant à elle à l’absence de la figure humaine.