La Bellevilloise, Le China…l’enfer des « restau-concerts »

Publié le 13 janvier 2013 par Swann

Je n’aime pas trop la Bellevilloise. Pourtant j’y suis allée pas mal de fois. A chaque fois je jure que c’est la dernière. Mais quand des gars comme Kristov Leroy, Gael Faure ou KidWithNoEyes sont programmés, je ne réfléchis pas longtemps. J’y vais.

J’y vais, et puis je bous.

Quand tu pénètres dans la Halle aux Oliviers, une hôtesse aussi aimable qu’une caissière Franprix t’accueille en te regardant droit dans les yeux, mais en ne prononçant aucun mot. Les minutes « je-te-regarde-tu-me-regardes » paraissant interminables. Tu ‘y mets fin. « Bonsoir, je viens pour le concert« . « Juste pour le concert ? (ton dédaigneux). J’ai plus de tables, va falloir se mettre au bar…mais je n’ai plus de place non plus« .  Évidemment. Quand tu veux écouter de la musique dans de bonnes conditions, c’est bien connu, tu ne te mets pas face à la scène, mais au bar. Evi-dem-ment. Tu dis merci à la charmante hôtesse de t’avoir (pas) bien accueilli et tu ‘essaies de te trouver un endroit ou t’asseoir. Les tables sont tellement serrées les unes aux autres que traverser la salle relève du parcours du combattant. Tu essaies de pas renverser les verres de vin avec son sac, et tu évites que les manches de ton manteau fassent trempette dans les assiettes de magret de canard.



Pas de place près de la scène, de toute manière les tables sont aussi collées à l’estrade. Oh, un pot de fleur géant au fond de la salle. Tu y installes ton arrière-train. Ce pot à olivier servira d’observatoire, il sera ta tour de contrôle. De là, tu vois quasiment toute la salle. Tu entends la rumeur des conversations. Une femme aux cheveux bouclés raconte qu’elle était à Marrakech la semaine dernière. Un monsieur plus loin parle de Patrick Watson. Un autre fait une déclaration d’amour à sa dulcinée. Tout ça entre deux coups de fourchette. Sur scène, le musicien tente d’attirer l’attention des affamés. Quelques uns lèvent la tête, d’autres écouteront d’une oreille distraite en attendant que leurs assiettes daignent arriver (attendez entre une demi-heure et 45 minutes).

De ton pot de fleur tu n’entends pas grand-chose de ce qu’il se joue. Tu t’avance, te collant à l’escalier qui mène à la mezzanine de la Bellevilloise, gêné par les aller-retour incessants des serveuses (elles aussi très aimables). Si on entend mieux les belles chansons du garçon en revanche on a en retour le brouhaha constant de la salle, le même que celui d’une cantine scolaire. Tu te mets un instant à la place du chanteur et tu as encore plus de respect pour lui. Tu regardes cette assemblée indifférente et tu te dis qu’à sa place tu aurais sans doute jeter l’éponge, et la guitare aussi. Comme si, cela n’était pas assez difficile, voilà que l’alcoolo de service fait son apparition. Il monte sur la scène derrière le chanteur, pour prendre une photo, en profite pour lui offrir une bière, l’interpelle, se cogne à son micro. La totale.

Clairement, la Halle aux Oliviers (et les autres types de salle-restau-concert) est une aberration. L’endroit est joli, les plats pas mauvais (mais chers), mais clairement pas adapté pour des concerts. Le musicien joue mais personne l’écoute. Il est un jukebox. Mieux qu’un disque. Celui qui veut écouter n’entend pas. Celui qui mange est dérangé par le troubadour de service et de ce fait doit hausser la voix pour se faire entendre.

De plus en plus, j’ai cette désagréable impression que les groupes et musiciens ne sont là que pour l’ambiance sonore. Que ce soit dans les endroits comme la Bellevilloise ou le China. Quant aux clubs et petites salles parisiennes, cela fait un bail qu’elles remplissent davantage leurs rôles de bars et de moins en moins celui de salles de concerts. La Flèche d’Or est indifférente, l’OPA Bastille insupportable tout comme le Bus Palladium, espèce de Cat Walk hype où l’on vient pour se montrer pas pour écouter. L’International est devenu insupportable depuis que la salle du haut à gagner quelques m²… Mais alors, quand on aime vraiment la musique et les concerts que reste-t-il ?