Je n'avais pas entendu parler de ce film avant, bien qu'il ait été projeté dans la sélection officielle hors compétition au festival de Cannes 2007, mais sur le seul nom de son réalisateur, je l'ai enregistré (pour mémoire, Jean-Pierre Limosin a notamment réalisé plusieurs - bons! - films de la série "cinéma de notre temps", et plus récemment des films autour du Japon).
Cette fois, le réalisateur nous plonge dans un milieu secret, celui des yakuzas (la mafia japonaise). Non pas pour faire un film noir à la manière de Takeshi Kitano (auquel JP Limosin a consacré un autre film), mais pour nous montrer ce que d'habitude on ne voit jamais au cinéma: l'ordinaire de la vie d'un yakuza, nettement moins spectaculaire que dans les thrillers, mais finalement bien plus surprenante puisqu'elle consiste principalement, pour les jeunes recrues, à faire le ménage, la cuisine et à servir le thé au chef en respectant scrupuleusement un modus operandi appris au geste près.
Qui l'eut cru? C'est le chef d'une bande de yakuzas lui-même qui a demandé à JP Limosin de réaliser ce film, lequel a accepté avec un contrat clair: ne filmer aucune activité illégale.
"Young Yakuza", c'est un peu la partie immergée de l'iceberg.
Le film suit un jeune délinquant dont la mère ne sait plus quoi faire et qui est confié "en apprentissage" au chef du clan. L'expérience du jeune Noaki, commence par l'acquisition des règles nombreuses et stricte
La société japonaise a changé, et ce sont ses états d'âme que cherche à faire passer le chef de clan. Le temps est loin, où les yakuzas jouissaient d'une certaine tolérance des autorités et du respect de la population. Le temps est loin où les jeunes se soumettaient corps et âme aux contraintes. Aujourd'hui, comment attirer les jeunes dans un milieu où ils ne recevront pas de gratification immédiate en échange de leur soumission? se demande-t-il. Ils ont besoin, selon lui, "de rêves et d'espoir", toutes choses que l'organisation traditionnelle d'un clan yakuza peine à leur apporter, malgré la volonté d'adaptation du chef.
"Young Yakuza" ou le blues du gangter...
La musique d'une jeune groupe de rap japonais accompagne l'initiation de Noaki, et crie le malaise d'une jeunesse en perte de repères, qui ne semble pas étranger à la décomposition lente des clans mafieux. C'est à n'en pas douter de la société japonaise dans son ensemble que parle "Young Yakuza", celle d'un ordre séculaire en voie d'effondrement sous la force croissante des aspirations individuelles.