Voilà une nouvelle qui va certainement rassurer notre cher ami grec Petros Doukas: l’esclavage existe bel est bien et contribue depuis des années à faire marcher le Monde. Une illustration se trouve dans le domaine du travail domestique, propice à tous les abus et dérives.
Selon l’Organisation Internationale du Travail, Le nombre de travailleurs domestiques a augmenté de plus de 60% en 15 ans en raison notamment de l’arrivée sur ce marché de plus de 9 millions de personnes, en grande majorité des femmes, en Amérique latine et aux Caraïbes. Ils seraient aujourd’hui 52 millions et selon l’OIT, il s’agit « d’estimations prudentes, qui sous-évaluent probablement la véritable ampleur du travail domestique, dont le nombre de travailleurs est souvent sous-estimé dans les enquêtes ». Les spécialistes estiment que ce nombre pourrait dépasser largement les 100 millions à travers le monde, car ce type de travail est souvent dissimulé et non répertorié.
Ces travailleurs domestiques ont une durée moyenne de travail de près de 66 heures hebdomadaires en Malaisie et entre 60 et 65 heures par semaine au Qatar, en Namibie, en Tanzanie et en Arabie saoudite.
Pour la plupart, ils sont soumis à une disponibilité permanente: plus de la moitié de tous les travailleurs domestiques n’ont aucune limite à leur durée hebdomadaire normale de travail et environ 45% n’ont aucun droit à des périodes de repos hebdomadaire ou de congés payés annuels. L’exploitation humaine dans toute sa splendeur. Près de 30 % de ces travailleurs de l’ombre sont totalement exclus de toute protection légale.
L’emploi domestique n’est pas l’apanage des pays africains et asiatiques, loin s’en faut.
Près de la moitié des employés de maison travaillent dans la région Asie-Pacifique (21,4 millions), 19,6 millions en Amérique latine, 5,2 millions en Afrique, 3,2 millions dans les pays développés et 2,1 millions au Moyen-Orient.
Dans les pays développés, les domestiques représentent 0,8 % de l’emploi total. En Asie, ce pourcentage s’élève à 1,2 %, en Afrique à 1,4 %, au Moyen-Orient à 5,6 %. L’Amérique latine détient le record, avec 7,6 % de l’emploi total.
En Europe, Le travail domestique représente officiellement entre 5 et 9 % de l’emploi total au sein de l’Union européenne. C’est en Espagne que les domestiques sont les plus nombreux, avec 4 % de l’emploi total, suivie par le Portugal (3,4 %), la France (2,3 %) et l’Italie (1,8 %). Le travail domestique est quasiment inexistant dans les pays nordiques (0,1 %) et en Europe de l’Est.
Nombre de ces travailleurs domestiques sont des immigrés, qui parlent mal la langue du pays où ils travaillent, ce qui les rend encore plus vulnérables aux abus, tels que des violences physiques et sexuelles. Ils sont aussi victimes de non-paiement de salaires, relève l’OIT.
83% sont des femmes. Le travail domestique représente en moyenne 7,5 % de l’emploi salarié des femmes dans le monde. En outre, un tiers des employées de maison n’ont droit à aucune protection en cas de grossesse.
Ces statistiques ne tiennent pas compte des enfants de moins de 15 ans, travaillant comme domestiques, et qui sont estimés à 7,4 millions, selon des chiffres de 2008.
Il est certain que bon nombre d’employeurs de travailleurs domestiques ont le sens de la responsabilité et de la dignité humaine. Mais les chiffres de l’OIT sont accablants. On voit bien que pour une majorité de ces esclaves modernes, on est dans le choc de compétitivité absolu. Des heures de travail à ne plus pouvoir les compter, des salaires grotesques et misérables, des travailleurs corveables à merci, une protection sociale inexistante, la flexibilité la plus flexible qui soit, de la chair fraîche à domicile quand le besoin s’en fait sentir.
Source: OIT
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