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Comme les autres, John Cheever a commencé à écrire et à publier avant de devenir le nouvelliste que l’on sait, auteur vedette du New Yorker où sa première apparition date de 1935. Il avait 23 ans et, pendant plus de trente ans, allait trouver place dans les pages de la prestigieuse revue. Cette production a mis longtemps avant de traverser l’Atlantique et de nous arriver en français. Mais elle est à présent bien connue.Les textes de ses débuts restaient pourtant moins familiers et les douze nouvelles rassemblées dans L’homme de ses rêves complètent avec bonheur celles qui avaient été traduites. (Il y en avait treize dans l’édition américaine de ces Uncollected stories, où est passée la dernière ?) On y trouve un John Cheever mettant en scène les conséquences du krach de 1929, à travers des personnages bousculés par la tourmente financière. Ruinés ou presque, loin de leurs rêves prospères.« Autobiographie d’un commis voyageur » raconte l’histoire d’un homme qui a connu un succès inespéré en vendant des chaussures de luxe. La crise ayant laminé le pouvoir d’achat, il s’est rabattu sur une gamme moins prestigieuse et a commencé à perdre de l’argent. A soixante-deux ans, sans travail, nostalgique d’un passé évanoui, il a l’impression que sa vie a été un vaste échec. Ils sont quelques-uns, comme ce commis voyageur, à ramer pour survivre. C’est souvent à contre-courant.Et, puisque les périodes difficiles sont propices à l’espoir irrationnel, les champs de courses sont le décor de plusieurs nouvelles, à la fin du livre. Là aussi, il s’y rencontre davantage de déçus que de gagnants. Sur tous les terrains, John Cheever est déjà un écrivain maître de ses moyens, procédant par petites touches qui rendent les portraits de plus en plus précis. Sans psychologie inutile, attaché aux détails révélateurs, il accomplissait ses premiers pas avec une audace payante et se lançait dans la description d’un monde changeant, comme il le ferait plus tard pour une classe plus aisée.