À mes enfants : dimanche, nous irons marcher comme nos ancêtres ne l’ont jamais fait

Publié le 12 janvier 2013 par Tchekfou @Vivien_hoch

Mes chers enfants,

Nous irons marcher comme nos ancêtres ne l’ont jamais fait, de la même manière que mes parents l’ont fait en 84 et comme je l’ai fait en 99. Nous irons ensemble, à rire et nous faire rincer sous la pluie parisienne, enserrés dans la ville grisâtre, nous qui sommes si attachés aux horizons lointains, aux bois muets et au silence des grands espaces. Mais à lire ici et là les propos des premières lignes, à voir la bouillie où s’abritent les communicants et les juristes (quoi de plus irréel que les lois ?), je ne peux laisser, mes chers enfants, le moindre doute sur nos raisons de marcher.

Il est dit partout que nous défendons l’enfant. Oui, et vous savez combien cette défense nous est chère, et combien pèsent les limbes dans notre quotidien. Mais, comme les mêmes pro-mariage pour tous le constatent (Claude Askolovitch sur Europe 1 le 11/01 au soir par exemple), cette défense de l’enfant n’est en filigrane que l’affirmation d’une graduation dans la sexualité. Non dans la clarté des pulsions dont seul Dieu peut juger, mais dans l’application de notre volonté, c’est à dire dans son institutionnalisation.

Car l’union conjugale est bien première aux enfants. C’est bien le don des époux l’un à l’autre qui est premier dans le mariage. Et c’est bien dans la volonté d’un certain ordre naturel que je m’unit à une femme, dans le constat de notre complémentarité fait dans le silence intérieur et la durée sereine. Non que je méprise ou délaisse mes frères dans leurs chemins. Mais, dans l’institution raisonnable, je pose le continuum de la nature, cette nature que je transcende non en la violant, mais en l’accomplissant dans la conscience et la volonté, et, bien plus pour les chrétiens, dans la véritable charité.

Je sais les souffrances de nos frères. Je sais le fer rouge des manques d’amour paternels et maternels. Je sais le manque de sensualité parfois dans la fraternité. Je sais combien une position soulage la peine sans ôter le mal. Je sais aussi que tout peut surgir d’un rien. Je sais que, dans la charité chrétienne, Dieu seul juge, nous  n’avons qu’à aimer. Mais j’ai vu les errances de l’affirmation de l’homosexualité. J’ai constaté toute la complexité sordide de l’institutionnalisation informelle de celle-ci. On sait les études sur l’adoption homosexuelle. Et je ne peux qu’affirmer sereinement, avec respect et affection redoublée, que l’homosexualité ne peut être rendue égale à l’hétérosexualité. Et, qu’en même temps, nous devons à tous le même amour qui nous lie.

Pour dédramatiser la chose, je voudrais simplement proposer que l’on parle de ce sujet avec le même détachement que si l’on devait institutionnaliser la passion de l’argent… Fabuleux outil, limites, but de celui-ci, ordre naturel, don et vérité, les sujets sont les mêmes, mais nous en serions tellement plus détachés !

Dans votre avenir et les chemins que vous prenez, mes enfants, témoignez de cette jubilation de la nature, témoignez de la joie d’être au sommet de la création, étant au fond de vous-mêmes ce que vous êtes vraiment, uniques et égaux, hommes et femmes. Non en dominant la nature, ce qui n’a plus lieu d’être, mais en l’accomplissant. Et en ne prenant en compte que ce qui est vrai, la véritable charité, seul salut pour les hommes et les nations.

Quels que soient les situations concrètes, quels que soient les artefacts et les actes, quels que soient les besoins factuels et contingents, sur cette affaire du mariage, non possum. Non Possum.