Quelques livres évoqués ici à la publication originale viennent de / vont paraître en français. Les liens vous renverront vers les papiers écrits alors.
Don DeLillo - "L'homme qui tombe" (Actes Sud)
Les romans de DeLillo sont tous multidimensionnels, et celui-ci n'échappe pas à la règle. Au-delà de l'étude familiale ou même de la réaction d'une ville au choc du 9/11, les thèmes plus profonds affleurent. D'une part, les questions individuelles relatives à l'identité et à la mort. On a toujours l'impression que les catastrophes divisent le monde entre eux et nous, on se rend compte ici qu'il y a une grande part de discours politique là-dedans : la réalité est plutôt dans le point d'interrogation, signe terrifiant que les choses ont été bouleversées et qu'il faut se redéfinir pour ne plus marquer le coup. Suit évidemment le problème de la mort et de la capacité plus ou moins grande de résilience de chacun à son égard. D'ailleurs, peut-être " Falling Man " doit-il être vu comme une sorte de suite à " The Body Artist " qui couvrait ce sujet de manière plus abstraite ?
...récit mythologique abordant à la fois la création de l'espèce humaine, l'immigration mexicaine, l'amour déçu, la difficulté d'écrire et une étrange guerre entre un homme qui mouille son lit et l'omnisciente Saturne. Le tour de force est de rendre cet ensemble cohérent et facile d'accès, sans jamais être simpliste ni paraître prétentieux.
En fait, Alarcón souffre de ce qu'on pourrait appeler le syndrome du worshop, qui menace -et atteint- pas mal d'étudiants sortis d'ateliers de creative writing - même d'aussi prestigieux que celui d'Iowa. On y est aidé à se désinhiber, à débloquer la mécanique et on apprend les trucs pour donner de l'épaisseur et pour charpenter son récit. Ca donne des livres bien foutus et parfois intelligent mais il manque bien trop souvent ce qui ne s'étudie pas : l'histoire et le style. Alarcón sait raconter des histoires, il ne sait pas les imaginer. Il compose correctement, mais il n'a pas de personnalité, de patte, d'originalité stylistique. " Lost city radio " est une coquille vide qui ne rassasie ni l'amateur éclairé de narration classique, ni l'obsédé de l'individualité scripturale.
11 commentaires:
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Je découvre en ce moment "Outremonde" de Don Delillo. C'est enthousiasmant. Par contre, difficile de se procurer "L'homme qui tombe"... Un vendeur de Cultura (à rebaptiser donc...) m'a indiqué ne pas l'avoir commandé !
[je précise que je n'achète pas souvent de livres chez Cultura mais que, de passage, je me suis interrogé sur la disponibilité du livre] -
Je me méfie des libraires alsaciens... quand tu commandes des livres, tu reçois des trucs minuscules !
Blague à part, une nouvelle librairie s'est ouverte vers chez moi, j'irai y faire un petit tour [y'a des étagères en bois et tout...]. -
Moolz, l'apostrophe marque une élision. Puisque tu es un fervent lecteur d'oeuvres difficiles, peux-tu me dire quelle est la voyelle élidée entre "y" et "a" ? Merci.
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Usszzz... [ceci est une onomatopée toute personnelle, bien que partagée par quelques collègues de travail outre-manchois, qui exprime selon l'intonation la perplexité, l'admiration, la méfiance ou encore l'excitation]
Cette apostrophe n'élide hélas aucune voyelle et je m'en excuse, cher Gadrel. Il s'agit d'une simple aberration qui me colle aux doigts et que je croise sur le web ou dans des SMS ; et Dieu sait si je fustige ce genre d'abus lorsqu'on utilise un clavier... Il me faudra dorénavant exclure ce genre de raccourcis bas de gamme, qui de plus n'en est pas un, pour pouvoir poster légitimement sur les blogs des Chums of the Club. Merci pour cette remarque constructive et nécessaire. -
Salvador Plascencia - "Le peuple de papier"
a stupendous book
in a seemingly quiet way