Promenade nocturne en coup de vent

OHier soir, il nous fallait sortir. Enfin il me fallait sortir, et que ce qui m’aiment me suivent. Non, je ne forçais personne. Non, ce n’est pas du chantage. Bref, j’ai été suivie.

Je voulais aller à la rencontre de ma ville mise en lumière et en beauté, maquillée par des artistes qui s’y affairent depuis des mois.

Derrière moi (je vous rappelle que j’étais suivie), un petite voix étouffée par une écharpe osait « tu ne préfèrerais une petite bière, bien au chaud ? ».

J’ai armé mon regard assassin et me suis retournée. Non mais ! Ouvrez les yeux, voyez comme c’est beau, et avancez, profitez et sans un mot !

Et puis que diantre, mettez-y de l’enthousiasme, la vie est belle. Et on avance.

On lève le menton de son menton, dégage les yeux de son bonnet. Mais non fait pas si froid, faut toujours que vous exagériez !

Remarquez, notre chance : ces rives du port désertées, ce port pour nous seuls, c’est beau n’est-il pas

Ici, la vue est panoramique, bien dégagée. Vous avez dit quoi ? Ventée ? Vous voulez quoi ? Me gâcher mon plaisir ? Allez on avance et s’arque-boute contre ce putain de mistral.

Allez, on marche, un peu plus vite, s’il vous plaît, (je les ai mis où mes gants, dans les poches, le sac, oui mais celui que j’ai abandonné sur mon lit).

Oh, vous lambinez ! oui, c’est beau, y a pas photo, non je ne veux plus en faire je peux plus j’ai perdu mes doigts.

Vous regardez quoi maintenant ? Vous voyez bien qu’il n’y a personne. Oui, c’est beau. Oui. Redémarrez ! Vous souriez, je vous ai vu, vous vous moquez, vous osez ? Quoi ? Si j’ai froid ? Moi ? Froid ? Je suis gelée ! Contents ? Vous avez gagné ?

O.K. ! Et cette bière vous me l’offrez ?