Titre original : Machine Gun Preacher
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Marc Forster
Distribution : Gerard Butler, Michelle Monaghan, Michael Shannon, Souleymane Sy Savane, Madeline Carroll, Kathy Baker, Inga R. Wilson, Brett Wagner…
Genre : Drame/Histoire Vraie/Adaptation
Date de sortie : 2 janvier 2013 (DTV)
Le Pitch :
Lorsqu’il sort de prison, Sam Childers renoue rapidement avec ses mauvaises habitudes et plonge à nouveau dans la violence, l’alcool et la drogue. À la suite d’un incident où il manque de peu de tuer un homme, Sam décide de reprendre sa vie en main et de se tourner vers Dieu. Commence alors pour lui un cheminement intérieur qui le conduit jusqu’en Afrique, où il est confronté aux horreurs d’une guerre qui fait des milliers de victimes, notamment parmi les très nombreux orphelins. Bien décider à s’impliquer pour venir en aide à ces populations persécutées par les milices, Sam prend les armes…
La Critique :
Réalisé par Marc Forster, qui est entre autres responsable de Quantum of Solace et de L’Incroyable destin d’Harold Crick, Machine Gun est un film étrange. Il prône la paix, mais affirme que celle-ci n’est possible qu’à grand renfort de rafales de mitraillette. Paradoxal, le message est dur à défendre et ne manquera pas de choquer. Pourtant, il est à ‘image de son protagoniste principal, cet ancien junkie violent, devenu prédicateur, puis soldat de la « paix » en Afrique, où il a construit un orphelinat et combat les milices.
Sam Childers, c’est son nom, existe bel et bien et continue à ce jour sa lutte. Ne serait-ce que parce qu’il suit le parcours de vie atypique de cet homme, le film de Marc Forster est légitime. Est-il bon pour autant ? Pas tout à fait non. Et ce pour la simple et bonne raison, que rarement, le long-métrage arrive à traduire les intentions de son héros, pas plus qu’il ne parvient à illustrer le cheminement intérieur et les choix qui l’ont conduit à abandonner l’héroïne et le crack pour l’eau bénite.
Un parcours de vie assez incroyable et finalement symptomatique d’une démarche humanitaire en accord avec son principal instigateur. Un type parti en Afrique pour construire des bâtiments, qui a mixé les motivations des militaires chargés de défendre la paix et les siennes, qui consistent à aider les populations. Et comme le gars en question est un ancien motard, accro aux armes, la méthode est ce qu’elle est, à savoir bourrine et carrément sauvage.
Lors d’un passage clé, où un questionnement intérieur surine le héros, celui-ci se voit comparé par un redneck à Rambo. C’est un peu vrai. Comme John Rambo, Sam Childers sait manier les armes et comme le héros incarné à l’écran par Sylvester Stallone, il n’hésite pas à plonger dans le combat quand les circonstances l’exigent. Le truc, -et ce truc fait toute la différence- c’est que Rambo ne fait pas la messe devant des fidèles entièrement dévoué à sa cause, lorsqu’il ne se frotte pas aux bad guys. Sam Childers oui. Il construit une église et prêche la bonne parole. Au final, c’est un soldat de Dieu, armé jusqu’aux dents, qui combat les milices armées en Afrique à grand coups de lance-roquette et de fusil d’assaut. Rambo lui, combattait pour son pays et avant tout (dans le premier épisode), pour sa survie. Sam Childers sert une noble cause, mais s’exprime par les armes. Décidément paradoxal, mais probablement symptomatique de la vision réactionnaire typique de l’humanitaire, d’une certaine fange d’américains qui le sont tout autant.
Difficile donc d’adhérer à la morale du film. Certaines critiques ont d’ailleurs carrément condamné le message de Machine Gun, le qualifiant de « moralement inacceptable ».
Pour autant, si on décide de fermer les yeux sur cet aspect discutable et de se concentrer uniquement sur le spectacle, ça passe. Pas toujours, mais la plupart du temps. Ceci dit, le film est bien trop long et, plus grave, n’utilise même pas ce trop plein de temps pour illustrer de manière convaincante le changement qui s’opère chez son protagoniste principal. Du coup, au début, on voit un type détestable, accro à la drogue, qui insiste pour que sa femme conserve son job de stripteaseuse et qui se contrefout de sa gosse. Ensuite, le gars tue presque un indien et a une épiphanie. Il trouve Dieu, va en Afrique, aide les enfants, tue des bad guys, et se laisse gagner par la haine au fur et à mesure de l’histoire. Le doute taraude ensuite l’ancien junkie qui se détourne de son chemin telle une brebis égarée.
Le schéma est connue même si ici, il retrace le parcours de vie d’un gars qui existe bel et bien. La faute à un scénario rempli de raccourcis malheureux qui n’aide pas spécialement à éprouver de l’empathie pour son personnage. Gerard Butler, qui incarne le Machine Gun en question, n’aide pas spécialement non plus, en sur-jouant souvent, sans pour autant être véritablement à côté de la plaque. On imagine sans mal, vu qu’il produit également le film, que Butler se soit senti investi d’une mission en tournant Machine Gun, mais la démarche est maladroite. Son jeu est raide et pas assez nuancé pour convaincre pleinement, même si son charisme et sa présence indéniables rattrapent un peu le coup et sauvent les meubles. À ses côtés, Michael Shannon fait le minimum syndical (ce qui pour lui consiste quand même à être bon) et Michelle Monaghan incarne une mère courage très sexy. Marc Forster, à la réalisation, fait un boulot honnête, compte tenu de l’écriture approximative et bourrine sur laquelle il doit s’appuyer. La faute ne lui incombe pas. Elle est surtout due à une succession de mauvais choix, qui au final, tendent à rendre cette histoire plus tendancieuse qu’émouvante. C’est dommage.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport