Article paru le 11/01/03 dans LA DÉPÊCHE
Dans sa mythologie personnelle, «René Apallec est un collagiste né en 1898, dont on a retrouvé par hasard les œuvres dans un grenier toulousain». Quant à Herbot, le second pseudo dont il use au gré de ses collages pour être sûr de ne jamais révéler son vrai nom, ce serait une vague contraction dudit patronyme. Mais pour savoir
qui est vraiment ce plasticien déjanté, le mieux est encore de faire le détour par le hall du théâtre Sorano, à Toulouse, où Apallec et Herbot exposent jusqu’à fin mars «Du Marivaudage» et «Perruques», deux séries de collages dont la matière première est directement issue des puces de Saint-Sernin. Dans ses Marivaudages, Herbot taquine le scandale. De la pointe de son bistouri de chirurgien plasticien sur papier, il a accouplé Velasquez et le Caravage avec des visages d’acteurs et d’actrices porno en pleine action. Avec sa série des Perruques, c’est dans l’édition de 1889 de l’histoire de France populaire que René Apallec a puisé les éléments de ses curieux personnages à tête de cheveux. Nostalgique des images d’hier et des ambiances de vieux grimoires, René Apallec-Herbot cite pêle-mêle Max Ernst, Tardi, l’historien Henri Guillemin, Jacques Prévert et Winston Smith, le maître du collage punk lorsqu’on lui parle de ses influences. Au père d’Adèle Blanc-Sec il fait d’ailleurs référence dans sa série des Gueules cassées qu’il exposera bientôt chez un tatoueur de la rue de la Colombette. On peut également découvrir son travail sur le site Creative Arte, dans la galerie toulousaine Lulu Mirette, en achetant le magazine «Friture» dont il est un habitué ou suivre dans «So Foot», son analyse des gestes techniques du football sans tête.B. D.