Le titre du colloque ne pouvait nous laisser indifférent, sa description non plus :
"On a beaucoup parlé et écrit sur les mémoires de groupe et communautaires en limitant leur rapport et leur histoire à des conflits, des « guerres », des concurrences, des stratégies d’occultation ou de mise sous silence à tel point que ces termes sont devenus des lieux communs d’une sorte de doxa plus générale sur la mémoire collective et culturelle dont s’alimentent les discours universitaires et médiatiques, sans venir les interroger – à quelques exceptions près.
Le colloque propose de procéder à une lecture critique de ces termes en venant questionner l’émergence, la constitution (l’institution) et la mise en rapport de différentes mémoires exemplaires des grandes violences du XXe siècle. Les interventions donneront ainsi une approche comparée, d’une part, de l’émergence et de la constitution de certaines mémoires de groupe (comment s’affirment-elle et se font-elle reconnaître dans l’espace public et dans la culture ?), d’autre part, des rapports que ces mémoires peuvent entretenir avec d’autres mémoires dont elles partagent, sinon le même événement, du moins un temps, des caractéristiques ou des préoccupations communes".
Le programme témoigne d'un attachement aux principaux évènements du XXe siècle qui cristallisent encore aujourd'hui les manifestations mémorielles : Grande Guerre, Seconde Guerre mondiale et Guerre d'Algérie.
Les organisateurs ont cependant opéré un classement thématique et non pas chronologique des différentes interventions, identifiant des "mémoires traversant l'histoire", d'autres "en chantier" et enfin, certaines qualifiées de "périphériques" (qui aurait pu aussi s'appeler "autres" au regard du contenu très disparate).
Parmi les interventions, mon attention a été particulièrement attirée par la proposition de Pierre Albertini sur les "paradoxes de la mémoire gay : l'exemple français". Ayant moi-même réalisé une communication sur ce thème en 2009 lors d'un colloque sur les mémoires victimaire dont les travaux ont été publiés chez Champ Vallon en 2011, je serais curieux d'entendre comment cette thématique a été renouvelée par un collègue.
Le programme :
Vendredi 18 janvier 2013 - 14h00-19h00
MEMOIRES TRAVERSANT L’HISTOIRE
Christian BIET (Paris-Ouest Nanterre / HAR/ IUF) : Les leçons de l’Édit de Nantes
Nicolas BEAUPRE (UBP Clermont-Ferrand 2 / CHEC / IUF) : La Grande Guerre : du témoin à l’historien, de la mémoire à l’histoire ?
Catherine BRUN (Paris 3-Sorbonne nouvelle) : Histoire, ignorances, mémoire(s) : quel(s) savoir(s) pour quelle(s) mémoire(s) de la guerre d’Algérie ?
Nicole LAPIERRE (CNRS) : Mémoires juives et mémoires noires, une « cause commune » ?
François AZOUVI (EHESS / CNRS) : Le mythe du grand silence
Samedi 19 janvier 2013 - 10h00-13h00
MEMOIRES EN CHANTIER
Sophie ERNST (professeur agrégée de philosophie, TZR, Académie de Créteil) : De « l’indicible” au ”paradigme », la mémoire de la Shoah comme
« grand récit »
Pierre ALBERTINI (historien, prépa. Condorcet) : Les paradoxes de la mémoire gay : l’exemple français
Danielle ROZENBERG (CNRS/ Université de Paris Ouest Nanterre) : La mémoire du franquisme dans la construction de l’Espagne démocratique : les voies incertaines
d’une réconciliation nationale
Régine ROBIN (professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal) : Identité et mémoire au Québec
14h00-18h00
MEMOIRES PERIPHERIQUES
Jean-Charles SZUREK (CNRS/Université de Paris Ouest Nanterre/ENS Cachan) : La Pologne, pays témoin de la Shoah
Nadia TAHIR (Université de Caen-Basse Normandie – ERLIS) : Mémoires en conflits : associations de proches de détenus-disparus et associations de survivants en
Argentine
Meir WAINTRATER (ancien directeur de la revue L’Arche) : De Jérusalem à Kigali, ou la toute-puissance des victimes