Bien sûr, pour Feydeau, il y a l'ambiance feutré du
Trianon, la bonne compagnie de la bourgeoisie bordelaise et la faconde de
Xavier Viton, maître des lieux et metteur en scène de la pièce de ce soir. Autour
de nous le public jubile quand j'esquisse d’empathie un sourire léger à cet amusement leste. Si
performance d'acteurs il y a, elle est surtout sportive. Quiproquo, portes qui
claquent, vannes lourdinques qui ne passeraient pas autrement que grâce à l'indulgence du
public pour le théâtre de boulevard. Ringard avant, culte
désormais, après tout n'écoutais-je pas les Doors pendant que Cloclo faisait:
"Alexandrie, Alexandraaaaahhhh"? Désormais je ne suis pas le dernier
à faire hhhhaaaaaalexandrah! en agitant mes petites mains au bout de mes petits
bras. Quelques jours plus tôt, ceint d’enfants qui riaient,
de parents qui s’esclaffaient et applaudissaient debout tandis qu’emporté par la
foule je souriais, vent contraire encore, avec indulgence sous le chapiteau tsigane
des Romanès. Sans doute attendri par le romantisme bien médiatisé du peuple
nomade d’antan, quand les verdines s’installaient en lisière de village et les saltimbanques
agrandissaient les yeux d’enfants. Pourquoi pas ? Ce spectacle vaut bien
celui des Pinder, Grus ou Médrano avec leurs fauves que l’on soumet au claquement
du fouet et la fée scintillante que l’on admirait à 20 mètres du sol et que l’on
retrouve à l’entracte vendant du pop-corn dans ses bas résille/filet de pêche. Plus tard scotché sur un siège de l’Utopia j’admire
la composition de Joaquim Phoenix dans "The master"subjugué par l’image,
la photo, la beauté torturée du visage de Freddie Quell. Un film incompréhensible
au premier visionnage sans les codes du flash-back Il faudra le voir une seconde
fois pour trier les artéfacts mnémoniques et les manipulations du master de l’engramme joué par Philip Seymour Hoffman.
Désormais il faudra se résoudre à suivre les diktats des communicants de la
prod qui nous vendent la performance physique de l’acteur sans nous soucier du
scénar. Vent contraire donc, mais j’y mets de la bonne volonté.
Une autre fois c’était pour "Anna Karénina"film
inutile selon la critique, merveilleux pour les quatre spectateurs dans la salle
de l’UGC ce lundi-là. Chaînon manquant entre la scène théâtrale, la littérature et le cinéma, la mise en scène de Joe Wright, déconcertante
au début, se révèle une valeur ajoutée à cette narration pleine de poésie. Vent
contraire encore !
"L’homme qui rit" ne m'a pas fait pleurer mais m’a ramené dans le monde visuel
de Tim Burton et je n’ai rien à dire sur Depardieu, vent contraire, toujours.
Quand au livre d’Alexandre Romanès, il prouve qu’avec
de bons appuis, on peut faire éditer un bouquin de 116 pages avec 100 mots de vocabulaire et 6
lignes par pages.
Je me suis auto-décerné ce diplôme de mauvais camarade,
pourtant tout va bien dans ma vie, comblé, le ventre plein et les
génitoires vides, je n’ai pas de soucis
de transit et je sais qu’il faut lâcher prise quelques minutes pour être
heureux dans la morosité ambiante. Alors je fais des efforts, je sors, je
communique et bientôt j’aurai plein d’amies et si ça continue on me verra dans un canapé rouge avec Drucker pour me cirer les pompes le dimanche après-midi ou devant un match de foot à la télé.