Sur le même thème
Je souhaite également recevoir
les bons plans et offres partenaires
la newsletter des professionnelles
Le PNUE le Programme des Nations Unies pour l'environnement vient de publier une étude, "L'Évaluation mondiale du mercure 2013", sur les dangers lies aux émissions de mercure. Cette étude sera présentée officiellement lors du Comité de négociation intergouvernemental sur le mercure (INC5), qui se déroulera à Genève du 13 au 18 janvier 2013. Les gouvernements qui participeront à cette conférence importante devront finaliser leurs discussions sur la mise en place d'un traité contraignant à l'échelle mondiale destiné à diminuer les dommages causés par le mercure.
L'ONU s'inquiète de la hausse des émissions toxiques de mercure
D'après cette étude, les émissions de ce métal toxique liées à l'extraction minière artisanale ont doublé depuis 2005. En raison d'une industrialisation rapide, l'Asie est désormais le principal émetteur de mercure, avec près de la moitié des rejets mondiaux. Alors que la demande de mercure a chuté à l'échelle mondiale ces dernières années, les émissions de mercure pourraient bien augmenter à l'avenir dans certaines régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, prévient le PNUE. Cette hausse est due principalement à l'utilisation de cet élément hautement toxique dans les activités d'orpaillage et dans la combustion du charbon pour la production d'électricité. La hausse du cours de l'or risque d'ailleurs de provoquer une augmentation de ces émissions.
L'exposition au mercure a un effet négatif sur la santé humaine; elle entraine notamment des dommages permanents au système nerveux. Les femmes et les enfants y sont particulièrement vulnérables car la contamination au mercure peut se transmettre d'une mère à son enfant lors de la grossesse.
Les sources d'émissions de mercure
- L'orpaillage
Il faut savoir qu'avec la combustion du charbon, l'utilisation du mercure pour séparer le métal du minerai dans les activités d'orpaillage reste la principale source d'émissions à travers le monde. On estime ainsi à 727 tonnes les émissions annuelles causées par l'orpaillage, soit 35 % des émissions mondiales. L'augmentation de l'exposition au mercure représente une menace directe pour la santé de 10 à 15 millions de personnes qui pratiquent directement l'orpaillage, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. On estime à 3 millions le nombre de femmes et d'enfants qui travaillent dans ce secteur.
Il existe des méthodes d'extraction de l'or utilisant peu ou pas de mercure, mais les conditions socioéconomiques et la faible prise de conscience vis-à-vis des risques liés au mercure font obstacle à l'adoption de ces nouvelles techniques.
- La combustion du charbon
La combustion du charbon est responsable de près de 475 tonnes d'émissions de mercure par an, soit environ 24 % des émissions mondiales.
- La production de métal et de ciment, par l'intermédiaire de l'extraction et de la consommation de combustibles fossiles.
- Les soins dentaires
- Les produits de grande consommation
Appareils électroniques, interrupteurs, piles, ampoules basse consommation et cosmétiques (crèmes éclaircissantes pour la peau et mascara, par exemple) contiennent du mercure qui risque également de se retrouver dans le circuit des déchets ;
- La production de matières plastiques
La fabrication du polychlorure de vinyle (PVC) est particulièrement visée. Le PVC fait d'ailleurs l'objet d'une demande importante dans de nombreux pays où de grands projets de construction ont été lancés.
- Les industries utilisant le procédé chlore-alcali (production de chlore et de soude à partir de sel)
- L'extraction minière primaire : Cette pratique est cependant limitée à un petit nombre de pays, dont un seul (le Kirghizistan) est encore exportateur.
L'étude du PNUE, qui présente une évaluation exhaustive des émissions de mercure par région et par secteur économique, met également en évidence les importants rejets dans l'environnement dus à la déforestation. Elle estime ainsi à 260 tonnes la quantité de mercure (auparavant contenue dans les sols) rejetée dans les rivières et les lacs.
Où le mercure est-il le plus présent ?
Selon le PNUE, la majorité des expositions humaines au mercure sont dues à la consommation de poisson contaminé. Les milieux aquatiques sont donc un chaînon stratégique de la santé humaine. Au cours des 100 dernières années, à cause des émissions liées à l'activité humaine, la quantité de mercure présente dans les 100 premiers mètres des océans de la planète a doublé. Dans les eaux plus profondes, la concentration de mercure a augmenté de 25 %.
L'étude met également en évidence l'augmentation du niveau de mercure présent dans l'Arctique. On estime ainsi à 200 tonnes la quantité de mercure qui se dépose dans l'Arctique chaque année, généralement loin de l'endroit où il a été rejeté. Les niveaux de mercure chez certaines espèces de la faune arctique ont été multipliés par dix au cours des 150 dernières années, principalement à cause de l'activité humaine, semble-t-il.
Une pollution qui va persister pendant des siècles
Le mercure rejeté par l'industrie ou d'autres activités humaines peut persister dans l'environnement pendant plusieurs siècles. Il faudra donc sans doute des années, voire des décennies, pour que la réduction des émissions de mercure ait un effet démontrable sur les niveaux de mercure présents dans la nature et la chaîne alimentaire.
D'après les études menées par le PNUE, les gouvernements, l'industrie et la société civile doivent donc intervenir rapidement afin d'intensifier les efforts de réduction des émissions et rejets de mercure. Les rapports indiquent que des retards éventuels ralentiraient le rétablissement des écosystèmes et alourdiraient la pollution héritée du passé.
Vers une législation juridiquement contraignante
En 2009, les gouvernements ont déjà donné leur accord à l'ouverture de négociations portant sur la mise en place d'un traité mondial sur le mercure lors du Conseil d'administration du PNUE qui s'est tenu à Nairobi (Kenya). La prochaine réunion du Comité de négociation intergouvernemental sur le mercure (INC5), qui se déroulera à Genève du 13 au 18 janvier 2013, devrait ainsi permettre de finaliser ses négociations et de mettre en place un traité contraignant afin de promouvoir la transition vers des alternatives viables, sûres et rentables, qui aboutiront à une diminution des rejets de mercure et d'autres polluants.
" Le mercure sous toutes ses formes reste un défi mondial, régional et national important en termes de menace pour la santé humaine et l'environnement ", a déclaré Achim Steiner, sous-secrétaire général des Nations Unies et directeur exécutif du PNUE.
" Lors du Conseil d'administration du PNUE en 2009, les nations ont donné leur accord à l'ouverture de négociations portant sur un traité juridiquement contraignant visant à réduire les rejets liés aux activités industrielles et minières, à prendre des mesures concernant les produits contenant du mercure et à s'attaquer à la pollution historique de certains sites. La phase finale des négociations s'ouvrira dans quelques jours ", a-t-il précisé.
" La toxicité et la dangerosité du mercure sont connues depuis des siècles, mais nous disposons aujourd'hui de technologies et de procédés alternatifs qui permettent de réduire les risques liés au mercure pour des dizaines de millions de personnes, parmi lesquelles des femmes enceintes et leurs bébés. L'aboutissement de ces négociations contribuerait à un avenir plus durable pour les générations futures ", a déclaré M. Steiner.
Si ce traité contraignant sur le mercure est enfin mis en place, l'impact positif serait ainsi majeur sur la santé et l'environnement. Croisons les doigts.
Stella Giani