Durant la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant Thomas Hart tombe dans une embusquade et est capturé par des soldats allemands. Après quelques jours de torture, il est envoyé dans un camp de prisonniers dirigé par le colonel Werner Visser. Du côté américain, c'est le colonel McNamara qui supervise les prisonniers. Il se méfie de Thomas Hart et l'envoie dans un baraquement où il est le seul officier. Hart est bientôt rejoint par deux aviateurs noirs et constate qu'ils ne sont pas les bienvenus au milieu de soldats blancs et racistes. Et lorsque Bedford est assassiné, Lincoln Scott devient le coupable idéal. Hart est alors désigné pour le défendre lors d'un simulacre de procès destiné à détourner l'attention du colonel Visser.
Il est regrettable que le titre anglais Hart's war soit devenu Mission évasion en français. Un titre pareil ne peut que donner une idée erronée du contenu du film. On pense tout de suite à un espèce de remake de La Grande évasion alors que c'est plus complexe que ça. L'évasion est assez anecdotique et le titre la présente comme élément central du film tandis que le titre original place Thomas Hart au centre de l'histoire. Hart est un planqué, il fait partie de l'état major et n'a jamais mis le pied sur le front. Il n'aurait jamais dû se trouver dans un stalag et être confronté de manière si directe à la guerre. Mission évasion est comme un roman d'apprentissage. Il traite de la transformation d'un homme. Au début, Hart avoue ce qu'il sait après quelques jours de torture. A la fin, il se libère de ses préjugés et de ses peurs et il est prêt à se sacrifier pour sauver la vie d'un autre homme.
A travers le parcours initiatique de Hart, une partie obscure de la Seconde Guerre mondiale est dévoilée. On oublie souvent que la ségrégation existait toujours dans les années 1940 et c'est très instructif de voir comment sont traités des héros comme les lieutenants Scott et Archer par leurs compatriotes blancs. Il y a d'autres images très fortes dans ce film, comme lorsque le train transportant les prisonniers de guerre croise celui transportant des Juifs vers un camp de concentration, ou la pendaison de prisonniers russes qui auraient tenté de s'échapper.
Je suis sincèrement étonnée que ce film n'ait pas eu plus de succès. La première partie pourrait éventuellement paraître un peu longue parce que Hart observe beaucoup ses congénères mais ça ne m'a pas du tout dérangée. La partie concernant le procès m'a tout bonnement captivée. Le film est porté par une très belle image, une bonne histoire et d'excellents personnages et acteurs. J'ai adoré le trio de tête Farrell Willis Howard. Thomas Hart est un jeune homme qui transforme peu à peu sa faiblesse en force et Colin Farrell fait parfaitement transparaître sa fragilité sans perdre en virilité. Terrence Howard confère à Lincoln Scott la dignité d'un héros de tragédie. Quoi qu'il fasse, il sait que son destin est d'être désigné comme coupable et lorsque Hart lui propose de fuir, il refuse afin de protéger ceux-là même qui sont à l'origine de son malheur. Bruce Willis a quant à lui, troqué son costume d'action man pour l'uniforme d'un colonel machiavélique prêt à tout pour accomplir la mission qu'il s'est fixée. Malgré son ultime sacrifice et la nécessité de son geste, il est difficile d'éprouver de la sympathie pour lui. Cependant, il mène un duel très intéressant avec le colonel Visser et comme il le dit si bien, les deux hommes perdent.
Gregory Hoblit propose un point de vue innovant sur un sujet souvent traité et j'ai beaucoup aimé.