Depuis des lustres je remettais sans cesse l’instant fatidique où je devrais, une bonne fois pour toutes, arrêter mon choix sur la paire de chaussures idéale pour le mariage. Déjà, comme toute fille qui se respecte (naaan, j’exagère, mais comme une bonne partie d’entre elles, on va dire), choisir des chaussures “en temps normal” est une vraie galère : il me faut rien de moins qu’un coup de coeur. Des fois il arrive que je me trompe, c’est vrai. Mais souvent, non. Alors je hante les magasins de chaussures de ma ville et même de la ville voisine, à la recherche du fameux coup de coeur. Alors imaginez pour les chaussures de mariage, tout un symbole et emplies de charge affective… J’ai déjà changé d’avis une fois. J’avais jeté mon dévolu sur une paire de chaussures en satin à boucle clip et “pierreries” ; et comme je me suis trompée, je les ai impitoyablement laissées derrière moi, sans un regard : ce ne seraient pas elles, mes chaussures du grand jour. (Bon, dit comme ça ça fait “grand prince”, mais vu leur prix riquiqui et tout modeste c’est pour ça que j’ai pu les abandonner. Et puis je ne voulais pas les prendre avec moi parce qu’elles me rappelaient de mauvais souvenirs, bref).
Donc, la date approchant, un après-midi, une fois n’est pas coutume, je me traînais comme une âme en peine au bras d’un Chéri compréhensif mais ferme (il fallait les trouver, parce que si c’était pour paniquer une semaine avant, no way). Un magasin, rien. Un autre, rien (et pourtant je les aimais bien, ces magasins, en général j’y trouve mon bonheur). Puis, en marchant dans les couloirs d’une grande galerie commerciale, je tourne la tête vers une petite boutique (que mon oeil perçant avait déjà repéré mais dans laquelle je ne suis jamais entrée car assez chère, mais très jolis modèles). Et là je plisse les yeux. Je les vois, négligemment posées sur un présentoir au fond à gauche près de la caisse (si, j’enregistre toujours tout un tas de détails inutiles, c’est comme ça, ça m’encombre l’esprit et c’est le secret de mon tempérament brouillon et dispersé). Immaculées et virginales. J’allais m’éloigner (de toute façon je les pensais hors de prix) quand Chéri (observateur? fatigué? ou bien prévoyant?) s’est résolument dirigé vers elles. Du coup j’ai suivi, tourné autour, je les ai jugées, soupesées, et finalement essayées. Parfaites. Une fois mes pieds glissés dedans comme dans des pantoufles, j’ai su reconnaître le coup de coeur. Je les ai ramenées dans leur jolie boîte mauve en chantonnant tout le long du chemin du retour (décidément, comme on se livre, sur un blog ).
Ce sont des italiennes, le modèle “Horma” de Christian Rossi. Très confortables -des chaussons. Je les mets consciencieusement tous les soirs, fais quelques pas (et quelques pas de danse) avec, histoire qu’on se familiarise elles et moi avant le jour J, et qu’on ne fasse pas de faux pas malheureux (ce serait bien le moment). Du coup, aujourd’hui, j’en ai profité pour faire mon dernier essayage de robe, avec elles (parfaites, elles vont bien ensemble, je regrette même presque qu’on ne les voit pas trop sous le flot de tulle…). Elles font l’unanimité dans mon entourage (chéri, maman très difficile et exigeante, papa jamais trop difficile de toute façon). Donc les voilà, je vous les présente en exclusivité. J’ai mis le petit noeud et les brillants de la boucle (j’aime même les détails, surtout les détails). Elles me laissent un sourire extatique sur les lèvres quand je les vois, je suis au septième ciel nirvanesque du paradis des chaussures…
Et vous, comment vous les trouvez?