Tu aimes ça? Nan mais attends c'est pas possible je vais t'expliquer...

Publié le 11 janvier 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Ce n'est pas la première fois que je m'exprime ici à ce sujet.

Malheureusement.

Et j'espère, pour tout te dire, que c'est bel et bien la dernière. En tout cas c'est la résolution que j'ai prise et je compte bien m'y tenir.

Dans le milieu de la musique (et peut être plus généralement dans celui de la culture) il y a des goûts qu'on est un peu obligé de partager.

Des fondamentaux.

Des influences que l'on se doit de revendiquer, des artistes qu'on est obligé de vénérer.

Bon, déjà ça, ça m'énerve un peu parce qu'après tout libre à chacun d'avoir ses propres icônes et au contraire, de ne pas succomber à un talent pourtant universellement reconnu. La sensibilité individuelle autorise sans doute que nous n'ayons pas les mêmes références et après tout, pourquoi pas?

Affirmer publiquement que l'on n'est pas très sensible au talent d' un de ces monuments, passe encore. En général ça peut même être l'occasion de se distinguer un peu et, à condition d'avoir préparé un argumentaire soigné, ça peut même te permettre de passer pour un esprit d'une finesse inouïe qui attend encore plus d'un artiste que ce que le géant qu'il méprise a à lui proposer.

Pour certains c'est même devenu une position quasi-systématique qu'ils ne prennent plus la peine de justifier s'autorisant à penser que le mépris seul suffit à poser une attitude d'intellectuel rebelle. Ceux là je les fuis.

Quand, par malheur, parce que tu ne l'as encore jamais fait ou que soudain tu te sens envahi d'une hardiesse inconsidérée, tu oses par contre affirmer ton amour (n'ayons pas peur des mots, ici ce n'est pas le genre) pour le travail d'un qui a rencontré un trop grand succès (ce qui va immédiatement le rendre méprisable auprès d'un pourcentage non négligeable des acteurs du milieu de la musique qui aiment tant que le grand public n'a pas encore craqué et relèguent un talent aux oubliettes sitôt qu'il remporte l'adhésion du plus grand nombre), là tu prends le risque de provoquer un tollé.

Que tu aies ou non préparé un argumentaire détaillé n'y changera rien, tu te rendras vite compte que tes interlocuteurs, non contents de remettre clairement en question ton jugement, ambitionnent carrément de te faire changer d'avis.

Comme si ton inclination pour cet artiste n'était lié qu'à un problème de compréhension.

Très sérieusement, pour évoluer au quotidien dans un milieu "extérieur" à la musique, je t'assure que c'est quelque chose d'assez spécifique.

Ailleurs les autres jugent eux aussi tes goûts mais souvent cela génère des discussions qui ne débouchent pas sur un discours didactique que j'irai jusqu'à qualifier d'humiliant (tu te souviens : la peur, les mots, tout ça...). C'est un peu perturbant.

Dans le même esprit, je l'ai déjà évoqué ici mais le fait que je commente en direct sur Twitter "la nouvelle star" à chaque fois que je suis devant mon écran engendre des réactions qui me surprennent toujours. Sur l'air du "mais enfin je croyais que tu aimais la musique" etc...  Et leur(s) auteur(s) de m'expliquer que le fait de suivre ce programme fait que je participe malgré moi à la mort de la culture en France etc, etc...

NON MAIS VRAIMENT CE QU'IL NE FAUT PAS ENTENDRE!

Ce qui m'énerve le plus là-dedans c'est que ce genre de remarque vient souvent de personnes qui évoluent elles-mêmes dans le milieu de la musique.

Alors bon. Je vois là l'occasion de parler de quelque chose que j'ai remarqué depuis que j'y ai mis le nez (derrière le rideau).

Si il existe une multitude de tremplins permettant aux jeunes talents de se faire connaître, il est vrai qu'en fouillant un peu on se rend compte que rares, mais TRES RARES même, sont ceux qui "ne viennent de nulle part".  Qui n'ont pas déjà un pied dans la musique (voire la jambe toute entière) avant de réussir à faire parler d'eux.

Soit parce qu'ils appartiennent déjà à une lignée d'artistes, soit parce qu'ils font partie d'un réseau parisien (car très vite tu réalises que parmi tous les groupes qui se produisent à Paris, tu peux aisément effectuer un regroupement qui crée des clans qui ne sont pas si nombreux que ça, au fond).

Et tu découvres aussi rapidement que les concerts partagés, les premières parties, les promos, les invitations, les duos, tout ça c'est souvent le résultat d'accointances.

Certes les musiciens qui évoluent ensemble partagent sans doute une même sensibilité musicale mais ils se renvoient aussi la balle, régulièrement, pratiquant une sorte de ping-pong promotionnel souvent très efficace.

Soit.

Comme ils emploient souvent le terme eux-mêmes, les musiciens se reconnaissent l'appartenance à une "famille" musicale et quoi de plus naturel que de s'entraider au sein d'une même famille, je te le demande? Rien. Très bien.

Mais alors : Pourquoi, soudain, lorsque certains tentent de se faire connaitre par d'autres biais, n'ayant pas la chance d'appartenir à un vrai réseau ou n'ayant tout simplement aucune connaissance du milieu dans lequel leur passion de la musique les pousse pourtant à vouloir évoluer, pourquoi s'offenser et faire pleuvoir des nuées d'insultes (oui parce que souvent, ça va jusque là) sur leurs tentatives télévisées?

Sans rire, je ne comprends pas ce mépris immédiat. 

Je trouve qu'il y a là dedans quelque chose qui est presque de l'ordre du mépris de caste.

Et qui ressemble aussi souvent à du mépris de classe.

Parce que certains semblent avoir décidé que leur petit monde est un cercle très fermé et entendent bien qu'il en soit ainsi ad vitam aeternam.

Parce qu'ils voient d'un mauvais oeil toute tentative d'intrusion, qu'elle soit motivée par une vraie passion ou non.

Mais enfin en quoi cela peut il les gêner que certains tentent leur chance en utilisant un autre biais?

Il ne s'agit pas de vendre son âme au diable, ici, il ne faut pas exagérer.

Alors voilà, milieu de la musique, depuis que j'ai appris à te connaitre j'ai fait de merveilleuses découvertes mais, je dois bien te l'avouer, j'ai aussi essuyé pas mal de déconvenues.

Parmi ce qui me froisse le plus, il y a ce genre d'attitude bêtement automatique qui consiste à mépriser d'emblée des projets sur lesquels certains n'ont même pas pris la peine de se renseigner. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, je n'ai rien à redire, chacun ses choix. Qu'on s'imagine être suffisamment important pour pouvoir/devoir imposer son point de vue aux autres, là, j'avoue, je ne l'accepte pas. Ca témoigne en plus d'une très haute opinion de soi. C'est irritant.

De l'écrire ici ne changera rien, c'est certain. Mais enfin, personnellement, ça me fait du bien. 

Si rien qu'une personne qui adopte ce genre de comportement de temps en temps peut s'interroger une fois, une seule, sur sa pertinence et peut-être la prochaine fois, y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une vaine diatribe, ce sera toujours ça de gagné.

Si ça n'arrive pas tant pis. Le soulagement que j'en ai retiré est bien suffisant, à lui seul, pour justifier l'existence de ce billet.

De temps en temps je pense aux échanges que j'ai fréquemment avec ceux que j'apprécie concernant tel ou tel artiste. Quand nos opinions divergent c'est l'occasion d'un échange d'idées. En aucun cas ça ne s'achève par un sermon proféré par un interlocuteur convaincu de son indiscutable raffinement. C'est sans  doute une des raisons pour lesquelles je recherche leur compagnie.

Bon, c'est sur ces mots que je choisis de m'arrêter.

Bien à toi, lecteur.

XX