Depuis quelques mois, Twitter est victime de tweets racistes et homophobes de la part d’internautes français, jusqu’ici jamais inquiétés par la justice. Hier, la ministre française des Droits des femmes s’est entretenue par téléphone avec le vice-président de Twitter des moyens de lutter contre la diffusion de messages à caractère homophobe et raciste sur le site de microblogging.
A ce titre, la ministre, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé son intention de lancer un dialogue avec Twitter à ce sujet. « C'est la poursuite de ce dialogue », a-t-on expliqué mercredi à son cabinet, où l'on juge que Twitter est « extrêmement sensible » à ces questions. Le Hic ? La différence de législation entre la France et les Etats-Unis. Et c’est bien là que le bât blesse.
Car pour Twitter la libre expression est un principe fondamental de la société américaine. En France, elle est limitée par le code pénal. Et c’est précisément sur cette base que le gouvernement et Twitter doivent tenter de trouver un accord pour mettre fin au déferlement de tweets injurieux.
Plusieurs associations se sont en effet émues et inquiétées en octobre dernier de la propagation de propos racistes et antisémites sur Twitter. L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a assigné la compagnie en justice pour la contraindre à mettre en place un système de signalement des comptes avec un contenu illicite et à lui communiquer l'identité des auteurs de tweets antisémites. La décision a été mise en délibéré au 24 janvier, précise l'UEJF qui dit "espérer" que les négociations entre le gouvernement et Twitter aboutissent.
Depuis, des tweets homophobes ont également été repérés via le hashtag #SiMonFilsEstGay.
Mercredi 9 janvier 2013, Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Economie Numérique, a fermement rappelé Twitter au respect de la culture et des lois françaises après que l’avocate de Twitter a évoqué le Premier Amendement de la constitution américaine.
C’est maintenant à Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de prendre le relai. C’est dans ce cadre qu’elle a eu un premier entretien téléphonique avec le vice-président de Twitter, Colin Crowell, chargé des politiques publiques pour « permettre d'apporter les clarifications juridiques nécessaires » et « mettre en oeuvre rapidement les mesures techniques utiles ».
Car selon elle, « L'entreprise Twitter doit trouver des solutions pour que des messages envoyés depuis notre territoire, dans notre langue et à destination de nos concitoyens ne portent pas une atteinte manifeste aux principes que nous avons fixés ».
D’ailleurs, les choses semblent aller dans le bon sens, puisqu’une réunion se tiendra « dans les prochains jours » afin « d'associer à ce travail » les organisations de la société civile mobilisées sur ces thèmes. Najat Vallaud-Belkacem a fait part de sa « détermination à ce que des résultats soient rapidement obtenus ».
Le but étant que Twitter accepte de mettre en place un système d’alerte, et surtout qu’il finisse par divulguer le nom des auteurs des tweets racistes. Et ce n’est pas encore gagné…