Des premières données open data publiées par la RATP, on peut tirer des enseignements utiles, dont les stations de métro qui ne servent à rien.
Par Alexis Vintray.
L'open data, la mise en libre accès des données publiques, est une des sources d'où pourrait venir l'amélioration de l'efficacité de l'action publique. En effet, en laissant chacun utiliser les données non confidentielles de l'information, on pourrait permettre à tout un chacun de savoir quelles associations sont subventionnées par la région, comment choisir au mieux son hôpital, l'établissement scolaire de son enfant, etc. L'open data connait depuis quelques années des développements intéressants en France, même si beaucoup reste à faire, en particulier quand on compare avec l'étranger.La RATP, longtemps réfractaire, commence enfin à ouvrir ses données avec l'open data. La société publie désormais quelques informations sur un site internet dédié. Au menu, la fréquentation de chacune des stations, la liste des correspondances, la position des stations, les revendeurs agréés de tickets, ou le fameux plan du métro. De ces informations, on peut tirer pas mal de leçons intéressantes, dont les stations qui ne sont jamais utilisées ou presque.
Si la moyenne du nombre de passagers entrants pour chaque station du métro parisien est de 4,6 millions par an en 2011, 26 stations en ont eu moins d'1,5 millions et 13 moins d'un million. Si l'on écarte une station ouverte dans le courant de l'année, il en reste douze, classées par ordre croissant de fréquentation : Église d'Auteuil (ligne 10), Pelleport (3bis), Pré Saint Gervais (7bis), Buttes-Chaumont (7bis), Bolivar (7bis), Chardon-Lagache (10), Danube (7bis), Porte d'Auteuil (10), Falguière (12), Vaneau (10), Porte de Charenton (8), Saint-Fargeau (3bis). Toutes ont moins de 2750 passagers entrant chaque jour, soit, à raison de 19 heures par jour et 20 rames de métro par heure, 7 personnes par rame, une par wagon ! Pour Église d'Auteuil, chaque rame qui s'arrête dans la station prend à peine un passager !
Des stations qui ne servent donc quasiment à rien, mais par contre coûtent à plein. En effet, depuis 2006, les rames de métro s'arrêtent tout le temps dans toutes les stations. Ce qui oblige à payer des agents pour garder la station ouverte, de début à fin de service sur la ligne, et fait perdre à l'ensemble des passagers de la ligne entre 30 secondes et une minute. Quand bien même à peine 50 personnes passeraient par la station en une heure !
Et si on mettait enfin un terme à cette absurdité en fermant les stations de métro qui ne servent à rien ? Le réseau de métro de Paris est le plus dense au monde selon la RATP, ce qui en fait aussi l'un des plus coûteux qui soit, alors qu'il n'est même pas ouvert la nuit comme à New York ou Berlin (le week-end). D'où que vous soyez dans Paris, il ne vous faudra pas marcher plus de 500 mètres pour trouver une station de métro, soit 5 minutes ! Si l'on acceptait de fermer ces stations, ou au moins de ne les ouvrir qu'aux heures de pointe, on améliorerait sensiblement la rapidité des lignes concernées (pas d'arrêt à marquer en station), on réduirait nettement les coûts, et, au pire, cela rajouterait 5 minutes supplémentaires de marche aux personnes concernées, 2 minutes et 30 secondes en moyenne.
Cela n'a rien d'une utopie puisque, par exemple à New York, les métro express circulent en ne s'arrêtant qu'aux gros arrêts (mais sur des voies différentes). Surtout, c'était le cas à Paris jusqu'à récemment, Liège étant la dernière station où les horaires restreints ont été abolis (en 2006). En cette période de disette budgétaire, il est plus que temps de songer à y revenir...
Lire aussi :
- La Société translucide, livre de David Thesmar et Augustin Landier, sur le potentiel de l'open data