Les trajectoires sont multiples. Elles peuvent être des épisodes routiniers dans un RER francilien où observateur attentionné s'attarde sur des singularités qui font son trajet. La trajectoire peut également s'apparenter à chemin ferroviaire ou autoroutiers qui longent les hautes terrils sur les plaines du Nord de la France, traces inertes de cet ancien bassin minier et de ce monde de l'industrie qui disparait...
Terrils, je me souviens de vousÉpais, discrets quand même,Et qui s'excusent presqueDe se retourner.Motte de terre au champ d'honneur, Dans l'horizon aiguPlaine de gravesEt sur leurs pentes, chaudesEn découlentEn découdrentPour la revanche, reverdirEt s'enfoncer plus haut toujours.page 8, éd. Diasporas noires
Pierre Laporte nous offre les errements de la pensée d'Oméga. C'est cela. Les trajectoires de ses développements intellectuels dans le labyrinthe de nombreuses situations qu'ils rencontrent. En Afrique subsaharienne où il semble avoir séjourné un certain. En surveillant une classe studieuse et trimant sur un devoir. En regardant par de-là les océans. Tenez, voilà ce qu'il dit ou pense intérieurement :
4 siècles durantHumanités aux mains des maquignons,De commis de l'état en foires agricolesPlaces publiques, pudiques de leur commerceBroyer les cannes, les bras pour en sortir le jus maudit de la servitudeSucre de bronze ici, ivresse des fermentations impies là-bas.Jolis macarons des façades blanches au départ des bateaux, des ports.Calcaire d'esclaves, de profil aux frontons négriésMolosses complices aux moustaches de sangSourires canins de part et d'autres du ragoût humainJoie quotidienne, humeur massacranteArchipel dans la mélasse depuis.page 54, éd. Diasporas noires
Oméga se laisse déborder par ses pensées, ses réflexions, ses cris, sa sensibilité. Aussi le lecteur doit s'accrocher aux pans de son écriture et de ses jérémiades, tel un amateur voulant s'essayer à une musique de jazz qu'il n'aurait naturellement pas encore apprivoisé. Ces trajectoires ne sont pas toujours simples. Allez trouver votre sillon dans le désert! Mais voilà, les caravaniers ne perdent jamais le nord dans les dunes de sable, alors n'hésitez pas à découvrir ce texte qui porte l'écueil d'une relecture qui aurait pu être plus exigeante et d'un mélange de genre littéraire à la fois audacieux et risqué. Cela se lit tout de même, mais hors des trajectoires routinières pour pouvoir profiter des mots.
Bonne lecture,Pierre Laporte, TrajectoiresEditions Diasporas noires, Collections Vies, 1ère parution en 2012, 76 pagesVoir également la chronique sur Loumeto.com
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