L'histoire pourrait se résumer à un récit animalier: une meute de loups (en l'occurence les grands acteurs bancaires mondiaux de JP Morgan à Citibank) décident de manger un plus petit. Dans le prés où se joue la partie, on fait courir des rumeurs d'insolvabilité de Bear Stearns. Celui-ci a beau se défendre en déclarant à qui veut l'entendre qu'il n'en est rien, personne n'écoute et le mal est fait. L'action plonge, et JP Morgan peut donc rafler la mise, en s'excusant, vraiment désolé de ce qui arrive, mais voulant faire son possible pour aider... pour un peu on pourrait verser une larme.
Il ne s'agit pas ici de défendre Bear Stearns, qui s'est, dans le passé montré, carnassié (en refusant notamment de bouger le petit doigt pour sauver LTCM de la faillite).
Mais il faut garder à l'esprit que, au plus haut, l'action de l'institution financière valait plus de $170 et qu'elle a cloturé à $30 avant l'offre de mise à mort sauvetage de JP Morgan pour... $2 par action, soit une valeur totale de la firme de $236.2 millions. Rappelons que l'immeuble de 47 étage dans le centre de Manhattan, qui habrite le siège social, est déjà à lui seul évalué à plus de $1 milliard... depuis, JP Morgan se rendant peut être compte du ridicule a relevé son offre à $10 !
Alors oui, Bear Stearns a été contraint d'accepter l'offre, poussé par la Fed craignant que la chute de la banque n'aggrave la fébrilité des marché ; oui les salariés (14,000) craignent de perdre leur job ; oui, les employés qui sont aussi les actionnaires majoritaires, gardent espoir de pouvoir valoriser un petit peu mieux leurs capital que la faillite totale leur donnerait. Mais de là à que ces derniers applaudissent lorsqu'ils entendent James Dimon, PDG de JP Morgan, leur annoncer que la situation de Bear Stearns lui brise le coeur, il ne faut pas exagérer.
Un univers impitoyable...
A lire dans le IHT, ici et là entre autre.