Pour l’inauguration de son année comme capitale européenne de la culture, Marseille prévoit une “grande clameur” et un black-out total… Explication.
Répétitions de “Mireilles” au théâtre du Gymnase. © Anne-Christine Poujoulat / AFP“On va commencer par un petit échauffement de la voix avant d’apprendre la choré, enlevez vos chaussures”, lance Nadia Shnock aux bénévoles qui lanceront samedi, lors d’une “Grande Clameur”, les festivités d’ouverture de Marseille, capitale européenne de la culture (MP 2013). Au théâtre du Gymnase, ils sont une trentaine à répéter la chorégraphie du spectacle “Mireilles” : c’est un “vrai hommage” à l’Avignonnaise Mireille Mathieu, à travers la chanson, datant de 1980, “Une femme amoureuse” (adaptée de “Woman in love” de Barbra Streisand), explique l’artiste belge Nadia Schnock aux figurants.
Leur rôle est d’importance : ce sont eux qui feront face à la scène, où danseront et chanteront en play-back “onze Mireille et un Mathieu”, de vrais comédiens déguisés et coiffés de perruques, et qui reprendront la chorégraphie au milieu du public afin de l’entraîner dans une sorte de flash-mob, même si l’organisation de MP 2013 préfère parler de “performance participative”. “Le play-back permet un réel investissement, on est libéré du stress de la justesse pour être dans l’intention”, explique l’une des comédiennes, au joli accent québécois, Morena Prats. La répétition se poursuit, au son de la musique entêtante : les “complices”, concentrées, apprennent petit à petit jusqu’à ce que “Mireille prenne possession de (leur) corps”, conseille-t-elle. “On n’est pas dans la parodie, il faut être le plus sincère possible”, insiste Nadia Schnock. “Essayez de respirer en même temps qu’elle, vous devez trouver votre Mireille”, ajoute Morena Prats.
Aux côtés de “Mireilles”, dont la chorégraphie est disponible sur internet afin que chacun puisse s’entrainer chez soi, une trentaine de performances “d’univers musicaux et choraux très différents”, seront disséminées dans le centre-ville afin de commencer toutes en même temps à 19 heures, samedi, explique Béatrice Goudard, chargée des projets participatifs de la fête d’ouverture de MP2013. “Ce sera le top départ de douze mois d’une programmation artistique foisonnante”, s’enthousiasme-t-elle, en précisant qu’elles seront précédées, à 18 h 55, par les sonneries de toutes les cloches de la ville, des cornes de brume des bateaux du port et du bourdon de Notre-Dame-de-la-Garde.
Black-out
À 19 heures donc, sous forme d’une “Grande Clameur”, les performances seront lancées, “sur le principe d’un crescendo de 5 minutes, comme un défi aux Marseillais, avec l’idée que les habitants fassent ‘péter les plombs’ à la ville”, détaille Béatrice Goudard. À 19 h 5, débutera ce “black-out”: édifices et éclairage publics, lumières des bateaux, et même la Bonne Mère seront éteints. Au bout d’une minute, on rallumera tout et commencera une “mise en lumière spectaculaire” par la société arlésienne de spectacles pyrotechniques, le Groupe F, du centre-ville, ouvert aux piétons jusqu’à minuit, afin que chacun puisse y déambuler et assister à des spectacles gratuits, ajoute Mme Goudard : “cirque aérien, sculptures de glace, concerts, expositions, projections en plein air…”
En attendant, la répétition a bien avancé, il est midi et Nadia Schnock comme Morena Prats félicitent leurs “élèves” avant de leur donner rendez-vous à eux et une centaine d’autres bénévoles, pour la “générale”, samedi à 18 heures, devant le théâtre du Gymnase, en haut de la Canebière. Les complices se dispersent, ravis, avant de se promettre de s’entraîner “devant (leur) miroir tous les matins”, comme l’explique Stéphanie, 30 ans, venue “en bande”, grâce au “bouche-à-oreille”. Alain, 56 ans, l’un des rares hommes, avoue sa “curiosité” et son “envie de faire partie de MP 2013″, tandis que Bénédicte, 54 ans, explique avoir “envoyé par mail à une vingtaine de copines l’invitation afin d’avoir le plaisir de participer toutes ensemble”. Avant de confier : “À un moment, j’en ai eu ras-le-bol de cette ville, qui est si malmenée, que je voulais ‘me casser’, puis quand j’ai entendu certains maires des alentours parler de Marseille comme d’un oiseau qu’on dépèce, j’ai décidé de cette façon d’entrer en résistance”.