L'assurance automobile devra se réinventer

Publié le 10 janvier 2013 par Patriceb @cestpasmonidee
Au-delà de leur adoption au sein des compagnies d'assurance, les nouvelles technologies induisent également des changements sociétaux importants, dont les impacts sur le métier même d'assureur peuvent être beaucoup plus disruptifs. Un article de Marik Brockman (PwC) pour la revue Insurance & Technology aborde ainsi les transformations que va amener l'évolution actuelle du secteur automobile.
Particulièrement visible depuis l'annonce publique de l'expérimentation des "Google cars" sans conducteur, auxquelles se joignent désormais Toyota et Audi (selon les derniers échos du CES 2013 à Las Vegas), la future génération de véhicules autonomes promet de réduire drastiquement les risques d'accident. C'est le cas aussi avec l'introduction de nouveaux systèmes de communication entre véhicules, et d'autres innovations encore.
Naturellement, on peut arguer que les progrès déjà réalisés avec, par exemple, le freinage ABS, la généralisation des airbags... n'ont pas conduit à une baisse des primes d'assurance (en raison, notamment, de l'augmentation concomittente des prix des réparations et des frais médicaux). Il est donc improbable que les coûts (et, donc, les revenus des compagnies) s'effondrent du jour au lendemain.

Il ne faut pas, cependant, négliger l'effet prévisible, à long terme, de l'automatisation sur la réduction des risques à couvrir. Par ailleurs, comme le note un analyste de Celent, le renforcement des contrôles policiers (eux-mêmes automatisés) et l'évolution de l'arsenal législatif (et si un gouvernement rendait obligatoire les systèmes de communication entre véhicules pour réduire les encombrements sur les routes ?) viendront encore ajouter à cet impact des technologies et en accélérer la concrétisation.
Une autre révolution à attendre de ces tendances émergentes est le report de responsabilité en cas de sinistre. Car, quand la voiture sera autonome, la survenue d'un accident sera due non plus au conducteur mais à une défaillance des technologies embarquées. Dès lors, c'est le constructeur qui deviendrait l'assuré, dans un modèle totalement nouveau où, par exemple, l'achat du véhicule intègrerait le contrat d'assurance et où, par conséquent, l'ensemble de la chaîne de valeur (de la tarification à la distribution) devrait être revu de fond en comble.
Mais avant l'accomplissement de cette vision futuriste, d'autres changements de comportements méritent l'attention des assureurs. Pour les consommateurs urbains, toujours plus nombreux, les diverses approches de type "auto-partage" deviennent des solutions séduisantes en substitution à (ou en complément de) la propriété d'un véhicule. Selon certaines estimations, le phénomène pourrait concerner 4,4 millions de personnes aux États-Unis en 2016. Or, leurs contrats d'assurance devront être adaptés à ces modes de consommation, avec des couvertures facturées à l'usage, sur de courtes périodes, et non plus permanentes.
A plus ou moins longue échéance, des transformations inévitables vont profondément affecter la manière dont l'assurance automobile est conçue et commercialisée. Dès maintenant, les compagnies les plus en pointe explorent les pistes qui leur permettent de s'adapter à la demande de leurs clients avec, notamment, les primes modulées en fonction des comportements et les polices adaptées à la location P2P (de "pair à pair"). Toutes devraient se familiariser rapidement avec ces nouveaux modèles afin d'être prêtes lorsque la déferlante de l'"automobile 2.0" atteindra nos routes !