Illustration des ceintures de débris qui entourent Véga
Familière des observateurs du ciel d’été, l’étincelante Véga posséderait deux ceintures d’astéroïdes à l’instar de Fomalhaut ou du Soleil.
Par une belle nuit d’été, nul doute que vous l’ayez déjà remarqué. Son éclat bleu-blanc transperce l’atmosphère. Etincelante et haute dans le firmament, Véga (Alpha Lyrae) domine sans vergogne en compagnie d’Altaïr et Deneb (elles forment toutes les trois le célèbre “Triangle de l’Eté” ou “Trois Belles de l’Eté”). Dans le ciel boréal, seule Sirius — visible durant les soirées d’hiver — lui “fait de l’ombre ».
De récentes observations menées avec les télescopes spatiaux Herschel et Spitzer, sensibles au rayonnement infrarouge, suggèrent fortement que l’étoile âgée d’environ 600 millions d’années (elle est encore jeune en comparaison avec le Soleil) possède une double ceinture d’astéroïdes. Suspectée depuis quelques années, les données font apparaitre deux vastes couronnes ou bandes constituées de poussières et d’astéroïdes et séparées par un grand espace vide. Bien entendu, celle qui est la plus proche du foyer stellaire, la ceinture intérieure, est la plus chaude tandis que la seconde, extérieure, est la plus froide. Cette configuration n’est pas sans rappeler le cas Fomalhaut, une autre jeune étoile (âgée d’env. 400 millions d’années) de 2 masses solaires, également distante de 25 années-lumière de la Terre. D’ailleurs, Véga, Fomalhaut et aussi Castor (constellation des Gémeaux) ont la même dynamique. Des indices qui suggèrent une même origine au sein d’un amas ouvert, aujourd’hui éparpillé.
A l’instar de notre système solaire composé de la ceinture d’astéroïdes (intérieure, entre Mars et Jupiter) et de la grande ceinture de Kuiper (extérieure, au-delà de Neptune, peuplée de centaines de milliers de comètes), les astronomes pensent que celles découvertes autour de ces ardentes jeunes étoiles sont également escortées par des planètes. Leurs présences expliqueraient la séparation dans cette nuée de débris rocheux et poussiéreux. Aucune planète n’a encore été observée autour de Véga mais on en connait déjà une dans le système de Fomalhaut. Nommée Fomalhaut b, la candidate graviterait sur le bord intérieur de la ceinture extérieure.
Dans les deux cas, la quantité de matière évaluée est bien supérieure à celle qui évolue au sein de notre système solaire. Plus petite et donc moins massive, notre étoile âgée de 4,5 milliards d’années et les planètes qui l’accompagne, ont eu plus de temps pour nettoyer et “balayer” une partie des débris qui errent depuis la naissance du Soleil.
Les astronomes ont relevé que le rapport de l’espace vide entre les ceintures intérieures et extérieures est sensiblement et proportionnellement le même pour les systèmes de Véga, Fomalhaut et Soleil, c’est-à-dire 1:10 (voir illustration ci-dessous). La plus extérieure apparait 10 fois plus éloignée que celle qui est intérieure.
Distante de 25,3 années-lumières, Véga est la cinquième étoile la plus brillante du ciel terrestre (la deuxième pour l’hémisphère nord). Deux fois plus massive que le Soleil, la vie de cette étoile bleue née il y à 600 millions d’années, devrait s’achever dans un peu plus d’un milliard d’années. Entre temps, et dans un avenir plus proche, nos descendants l’apprécieront comme étoile polaire dans moins de 12 500 ans (et cela se répète tous les 25 900 ans, oscillation de l’axe de rotation oblige !). Puis entrée dans une nouvelle phase de son existence (séquence principale), la luxuriante Véga deviendra, dans 210 000 ans, l’étoile la plus brillante du firmament (détrônant ainsi Sirius) et cela sans doute jusqu’à la disparition de l’humanité (et oui, devenu plus lumineux le Soleil rendra la Terre inhabitable dans un milliard d’années) !
Crédit photos : NASA/JPL-Caltech.