Savez-vous qu’en Europe, trois salariés sur quatre rêvent de tout quitter pour changer de vie ? Il suffit de cliquer « tout plaquer » sur le web pour trouver des dizaines et des dizaines de témoignages. L’émission Capital diffusait d’ailleurs le 6 janvier dernier un reportage sur ces Français qui ont opéré un virage à 180 degrés à l’image de Stéphanie Peluchon, ex Chef de projet chez Sony Pictures en Angleterre, aujourd’hui reconvertie dans le tourisme en… Laponie, après avoir été bouleversée par le film Le dernier trappeur de Nicolas Vannier.
Mais si les rêveurs se comptent par milliers, le passage à l’acte est moins évident. Et avant de faire le grand saut vers l’inconnu, mieux vaut bien anticiper les changements et surtout réfléchir au quotidien de son nouveau job. Ouvrir un gîte, voilà une idée bien tendance ces dernières années. Mais comme l’explique la coach Emilie Devienne à Capital.fr., « On ne compte plus les managers qui ont quitté leur job pour ouvrir un gîte. Mais on sait moins que beaucoup ont abandonné, fatigués d’être sur le pont du petit déjeuner au dîner ».
Première étape pour confronter sa motivation : bien comprendre le quotidien et l’environnement professionnel de son futur métier, voire carrément le tester. C’est ainsi d’ailleurs que l’équipe de Capital a suivi Karine, une jeune femme qui teste le métier d’Architecte d’intérieur en suivant une professionnelle du secteur.
D’après Le Figaro, pas moins de 2,5 millions de Français ont changé de vie entre 2006 et 2009 pour vivre de leur passion. Comment expliquer ce sentiment si largement partagé ? La crise économique sans doute joue un rôle. Pour 45 % des Français (et 55 % de ceux qui déclarent vouloir « souvent » changer de vie), elle pourrait constituer une incitation majeure à passer à l’acte. Selon la sociologue Catherine Négroni, qui a consacré sa thèse à la reconversion professionnelle volontaire, c’est un événement déclencheur comme un licenciement, une rupture sentimentale, la naissance d’un enfant, la crise de la quarantaine, la fatigue, qui va amorcer le changement de vie.
Un changement de vie reste une quête de soi-même. Et ce désir n’est pas nouveau. Le magazine Sciences et avenir cite dans son numéro spécial « Changer de vie » le personnage de Franz Kappus, dans Lettres à un jeune poète de Rilke, qui en 1902, souhaitait quitter sa carrière de militaire pour se réaliser en tant qu’écrivain et demandait son avis à l’écrivain allemand : « Votre regard est tourné vers l’extérieur, et c’est d’abord cela que vous ne devriez désormais plus faire, répond R.M. Rilke. Personne ne peut vous conseiller ni vous aider, personne. Il n’y a qu’un seul moyen : plongez en vous-même (…). Avant toute chose, demandez-vous à l’heure la plus tranquille de votre nuit : est-il nécessaire que j’écrive ? Creusez en vous-même en quête d’une réponse profonde. Et si elle devait être positive, si vous étiez fondé à répondre à cette question grave par un puissant et simple : “Je ne peux pas faire autrement”, construisez alors votre existence en fonction de cette nécessité ».
Sources : Capital, Capital.fr, Sciences et Avenir, Le Figaro.