Je reprends donc le fil de la chronique PSA autour de deux informations : les résultats du constructeur automobile en 2012 ; l’aide de l’Etat accordée à la filiale bancaire du groupe mercredi 9 janvier. Ces deux informations n’ont pas eu l’heur de faire les gros titres. Elles sont cependant exemplaires des dérèglements en cours au sein du capitalisme et de la connivence du parti dit « sérieux », faute d’avoir une colonne vertébrale idéologique.
En 2012, les ventes de PSA se sont effondrées de 16,5 %, à 2,97 millions de véhicules. C’est la première fois en 10 ans qu’elles tombent sous la barre des 3 millions. En Europe, le groupe ne détient plus que 12,7 % de parts de marché, contre 13,3 % un an plus tôt. Ces chiffres, pour mauvais qu’ils soient, ne constituent pas une surprise à dire le vrai. La direction de PSA les avaient anticipés et s’en sert pour justifier la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois ainsi que les réductions de postes à Rennes. Des mesures de destruction d’emplois qui semblent insuffisantes au ministre de l’Economie et des Finances. Pierre Moscovici a estimé le 7 janvier que « PSA devrait aller plus loin »…
Il y a cependant plusieurs raisons objectives à cet effondrement des ventes de Peugeot-Citroën. D’abord, le constructeur automobile a fait le choix de concentrer ses efforts sur l’Europe, sans se préparer aux changements de comportement des « consommateurs ». En France comme ailleurs, la mode est aux petits modèles, moins chers, plus pratiques. La demande croissante est aussi aux véhicules « propres », ou écologiquement responsables. Difficile pour une entreprise qui a tout basé sur le diesel… Difficile aussi pour un groupe qui a fait le choix de redistribuer 6 milliards d’euros aux actionnaires en 12 ans plutôt que d’investir dans la recherche et le développement (R&D). Pourtant, les organisations syndicales proposent, depuis longtemps, de réinvestir dans la recherche et le développement pour adapter la production aux attentes du marché…
Dans ce cadre, la fermeture du site d’Aulnay apparaît comme un remède qui va aggraver le mal dont souffre le groupe PSA. D’un côté, l’ensemble du plan d’austérité que s’impose la direction du groupe coûte plus d’un milliard d’euros, qui vont cruellement ponctionner la trésor déjà famélique de PSA. D’autres part, il rétrécit encore les marges dont disposes le constructeurs. La CGT ne dit pas autre chose :
(La fermeture d’Aulnay) compromettrait l’avenir de PSA, en provoquant le rétrécissement de la gamme et en affaiblissant les capacités de R&D. Il mettrait en cause la capacité de PSA à rebondir, lors du renouvellement de certains modèles, dans le cadre de l’alliance avec GM, à partir de 2016.
La CGT a présenté le 10 décembre dernier un « Plan B », qui permettrait de maintenir l’emploi et l’activité de l’ensemble des sites de production de PSA. Il repose sur un rééquilibrage de la production entre les différentes usines, dont certaines vont bientôt être saturées. Bien sûr, il coûte un peu : 77 millions d’euros (notamment pour moderniser l’atelier de peinture d’Aulnay) et 20 millions de frais transitoires soit 97 millions d’euros, amortissables sur 7 ans. Avec d’autres mesures d’adaptation, le cout global du « Paln B » de la CGT est de 17 millions par an. A comparer aux 250 millions d’euros de dépenses annoncées pour la fermeture d’Aulnay. « Cela démontre que la fermeture d’Aulnay n’est ni inéluctable ni industriellement justifiée mais résulte d’un choix financier de sur-utilisation des capacités de production pour augmenter la rentabilité du capital », explique l’organisation syndicale.
A noter que le « Plan B » de la CGT nécessite un soutien financier de l’Etat, à hauteur de 1,5 milliards d’euros. Ah ! On va me dire que les caisses sont vides. Et l’Europe va râler. Sauf que… Sauf que, face aux difficultés de la banque PSA finances, filiale qui gère notamment les crédits souscrits par les clients pour acheter leur véhicule, le gouvernement a confirmé sept (7 !) milliards d’euros de garantie dans le cadre d’un plan global de 18,5 milliards d’euros. Donc, donc… De l’argent, il y en a. Pour les caisses du patronat.
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Bonus vidéo : Swayzak « In The Car Crash »